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Pour évaluer dans quelle proportion la Californie doit participer au revenu d’un canal maritime, il faut donc tenir compte à la fois des importations qui y seront faites par les États-Unis et les états européens, de l’exportation de l’or et du mouvement des voyageurs. La Californie a fourni 300 millions d’or pendant l’année 1854; le nombre des vaisseaux à voiles qui sont entrés dans le port de San-Francisco pendant la même année, venant des ports des États-Unis, de la France et de l’Angleterre, a été de 280, avec un tonnage total de 261,567 tonnes. Le développement probable des relations commerciales de la Californie avec les ports de l’Océan-Pacifique ne permet pas d’admettre plus de 250,000 tonnes pour le tonnage moyen des navires à voiles venant des ports des États-Unis à San-Francisco, par la voie du canal maritime, surtout si l’on établissait, comme il serait nécessaire de le faire, un service de steamers d’un fort tonnage entre les États-Unis de l’Atlantique et la Californie. En admettant que ces steamers aient 2,000 tonnes et qu’il en parte deux par semaine de chacune des extrémités de la ligne, on ferait entrer ainsi dans les recettes du canal un droit de passage pour 416,000 tonnes.

Les navires venant des ports européens auraient aussi intérêt à traverser le canal maritime, mais, comme ceux des États-Unis, ils ne pourraient suivre cette voie au retour; on ne peut au reste compter sur plus de 50,000 tonnes pour cette branche du revenu. Le commerce proprement dit de la Californie fournirait donc 716,000 tonnes au canal de l’Amérique centrale.

Au nord de la Californie se trouvent le territoire de l’Orégon et l’île Vancouver. Les exportations qui s’y dirigent auraient aussi intérêt à profiter de la nouvelle voie de communication, mais les navires rendus à leur destination ne reviendraient point par le canal. Le tonnage total de ceux qui sont envoyés annuellement dans l’Orégon ne dépasse point 10,000; il en est de même pour ceux qui se rendent à l’île Vancouver.

Tous les ports situés sur la côte orientale de l’Amérique, Callao, Valparaiso, etc., sont, comme ceux de la Californie, des centres d’importation : les produits de l’ancien monde et des États-Unis y sont payés avec les métaux précieux. Les navires qui vont s’y vider ne trouvent généralement point de cargaison de retour, et vont en chercher en Chine, à Manille, à Singapore, Java et Calcutta. Il ne reviendrait sans doute par voie du canal qu’un certain nombre de vaisseaux qui prendraient du thé à Shanghaï, et dont le tonnage n’excéderait guère 30,000 tonnes. Les échanges opérés entre les États-Unis et les états européens dans les ports du Pérou et les petits ports du Pacifique rendraient tributaire du canal un tonnage qui