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santé pendant ces calmes prolongés, qui durent souvent plus d’une semaine, épaississent la mer et la recouvrent d’une sorte de manteau gras et épais. Il faut ajouter qu’en suivant la route de Panama, on court encore le risque, avant de quitter le port de l’Atlantique, d’être atteint de la fièvre jaune ou de l’une des fièvres malignes qui règnent pendant toute la saison des pluies.

Malgré ces inconvéniens, il a souvent été très sérieusement question d’établir un service à vapeur entre Panama et l’Australie, et si les Anglais ne se hâtent point de prendre l’initiative, il se peut qu’ils soient devancés par une compagnie américaine déjà formée dans la même intention. Jusqu’ici, le trafic entre les États-Unis et l’Australie a été extrêmement limité, mais il peut se développer considérablement, car dans les colonies australiennes il n’y a de droits que sur un très petit nombre d’articles, et tous les produits principaux que les États-Unis pourraient importer en sont entièrement exempts. Le seul avantage important que posséderait une compagnie anglaise serait la subvention que le gouvernement lui donnerait pour le transport des dépêches.

Si la ligne de communication entre Panama et l’Australie s’établit, si l’on donne quelque jour suite au projet de former entre San-Francisco et Shanghaï, par voie des îles Sandwich, un service de bateaux à vapeur américains de 3,000 tonnes, on voit quelle importance est destiné à atteindre l’isthme de Panama, devenu une des routes principales entre l’Europe, les États-Unis et la côte occidentale des deux Amériques, l’Australie et la Chine. La construction du petit chemin de fer de Panama, qui n’a que 46 milles de long, a coûté au-delà de 35 millions; mais ces sacrifices n’ont pas été inutiles, et deux ans après l’achèvement du chemin, les marchands de New-York qui l’ont fait construire ont retiré de leur capital un intérêt extrêmement élevé.

Maintenant que le chemin de fer de Panama est terminé, il semble à peine nécessaire de revenir, autrement que pour les rappeler, sur les nombreux projets de canal présentés depuis longtemps pour unir à travers cette partie de l’isthme les deux océans. Dès 1827, et sur l’avis de M. de Humboldt, Bolivar avait fait exécuter le lever topographique de la contrée par M. Lloyd, officier anglais attaché à son état-major. Depuis cette époque, plusieurs plans ont été mis en avant pour accomplir cette grande entreprise, et le chemin de fer de Panama suit même l’une des lignes étudiées pour l’établissement d’un canal. L’avantage qui résulte de la faible largeur de l’isthme est malheureusement compensé par des difficultés dont quelques-unes sont insurmontables. Les rivières de l’isthme, le Chagres et la Trinidad du côté de l’Atlantique, le Farfan et le Rio-Grande du côté de