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à les y amener à grands frais; on n’a pas eu lieu d’en être satisfait, et pour les travaux futurs il est probable qu’on tentera plutôt de n’attirer que des ouvriers américains ou européens.

Aujourd’hui l’exploitation du chemin de fer de Panama est en pleine activité; en 1853, avant même qu’il fût terminé, il a transporté 32,000 passagers; en 1854 , le nombre s’élevait à 36,000, en 1855 à 40,000, et sans doute il ira longtemps encore en augmentant, La ligne n’a actuellement qu’une voie, mais le rapide mouvement des voyageurs et des marchandises obligera bientôt à en ajouter une seconde. Panama est en effet devenu un centre commercial de la première importance. Chaque semaine, des bateaux à vapeur américains de 1,500 à 2,500 tonnes établissent une communication régulière avec New-York et San-Francisco. Une ligne de bateaux à vapeur anglais de 1,000 à 1,200 tonnes fait deux fois par mois le service entre Panama et Valparaiso, en touchant à Callao, Aréquipa, Arica, Copiapo. Enfin une compagnie anglaise songe à établir une ligne de bateaux à vapeur de 3,000 tonnes entre l’Angleterre et l’Australie par voie de Panama; les bateaux feraient chaque mois dans l’Océan-Atlantique le trajet entre Milford-Haven et Aspinwall, — dans le Pacifique, entre Panama et Sydney ou Melbourne alternativement. Tahiti servirait d’entrepôt dans le Pacifique. Avant la guerre d’Orient, il existait une ligne de communication par bateaux à vapeur entre l’Angleterre et l’Australie, voie du cap de Bonne-Espérance. Ces bateaux ont été employés pendant la campagne au transport des troupes et des munitions en Crimée, et le gouvernement anglais s’est vu contraint de rompre tous les contrats pour le service des dépêches par bateau à vapeur pour l’Australie. Les communications régulières viennent d’être reprises sur la route ancienne du cap de Bonne-Espérance; mais depuis longtemps les colonies australiennes souhaitent vivement qu’une ligne soit établie par la voie de Panama, que beaucoup de personnes se représentent comme la plus directe. En effet, quand on jette les yeux sur une carte de Mercator, on voit qu’on peut joindre Sydney, Panama et l’Angleterre par une ligne presque absolument droite(; mais on ne remarque pas toujours que cette ligne occupe à peu près les deux tiers de la circonférence du globe. On fait aussi beaucoup de bruit des avantages que l’Océan-Pacifique, presque toujours calme aux latitudes tropicales qu’on aurait à traverser entre Panama et l’Australie, et parfois tranquille comme un lac, présente à la navigation. Malheureusement les voyageurs auraient beaucoup à souffrir des chaleurs pendant presque tout le temps de la traversée. Au dire de tous les navigateurs qui ont parcouru l’Océan-Pacifique, ces chaleurs deviennent fréquemment intolérables, et affectent sérieusement la