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de 0,14 à 0,15 pieds suivant les saisons; cette différence paraîtra sans doute assez faible pour qu’on puisse l’attribuer à des erreurs directes d’observation et au choix des localités où s’enregistrent les marées.

Il n’est pas inutile d’examiner combien il faudrait de temps à un bateau à vapeur et à un vaisseau à voiles ordinaire pour traverser le canal de Nicaragua. Le temps employé par un steamer ou un vaisseau quelconque pour franchir une écluse peut être évalué à 24 minutes environ, ce qui permet d’effectuer soixante passages en 24 heures. M. Childs estime que les bateaux à vapeur ne pourront, sans danger pour les berges, faire plus de 2 milles 1/2 par heure sur le canal; sur le lac et sur la rivière, ils pourraient, suivant lui, conserver la vitesse de 11 milles par heure qu’ils ont sur l’Océan. Les vaisseaux à voiles seraient remorqués par des bateaux à vapeur sur le lac et la rivière, et pourraient faire de 2 à 5 milles par heure; sur le canal, ils seraient remorqués par des chevaux et n’avanceraient que d’un mille par heure. En tenant compte des distances parcourues sur le canal, la rivière et le lac, et du nombre des écluses, qui est de 28, M. Childs admet qu’il faudrait, pour traverser l’isthme, deux jours à un bateau à vapeur et trois jours et demi à un navire à voiles. Le temps employé serait probablement toujours supérieur à ces chiffres à cause de l’encombrement du canal et de délais inévitables dans la pratique.

La compagnie américaine dont nous venons d’examiner les projets, et qui possède en ce moment un privilège pour l’établissement d’un canal dans le Nicaragua, a encore le droit d’exploiter les voies navigables et les lacs sous le nom de Compagnie de transit[1]. Cette ligne de transit, établie entre San-Juan-del-Norte ou Greytown et San-Juan-del-Sur, sur le Pacifique, est, avec le chemin de fer de Panama, la seule actuellement suivie par les émigrans qui traversent l’Amérique centrale pour aller en Californie. Les voyageurs, qui arrivent dans les grands bateaux à vapeur atlantiques, les quittent pour prendre de petits bateaux de rivière qui les conduisent dans le port de San-Juan et les amènent aux premiers rapides de Castillo. En ce point, il y a un portage, c’est-à-dire que marchandises et passagers sont débarqués et transportés par terre au-delà des rapides. De nouveaux bateaux les reprennent jusqu’aux rapides de Toro; il faut ensuite rentrer dans les bois pour rejoindre les bords du lac, qu’on traverse en bateau à vapeur; on débarque enfin, et l’on prend des mules jusqu’à San-Juan-del-Sur. Ce simple exposé montre suffisamment combien le passage de l’isthme par cette ligne est encore long et fastidieux.

  1. Le matériel de cette compagnie a été dernièrement saisi par le général Walker.