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villes. La nature et la disposition du terrain ne présentent pas, suivant le rapport de M. Squier, de difficultés sérieuses à la construction d’un chemin de fer, et partout les inclinaisons des rampes pourraient être renfermées dans les limites ordinaires. Le plus grave inconvénient de ce projet est la longueur de la ligne, comparée à celle de Panama. Ce dernier chemin n’a que 50 milles de long, celui de Honduras en aurait 160. La mortalité a été très grande parmi les ouvriers qui ont été employés au chemin de fer de Panama à Aspinwall; elle serait véritablement effrayante sur la ligne nouvelle : on éprouverait non moins de difficultés à y obtenir des travailleurs, et il serait pourtant indispensable d’en réunir un nombre beaucoup plus considérable.

Le rapport américain affirme, mais cette assertion nous paraît au moins douteuse, que le trajet de New-York à San-Francisco par voie de Honduras présenterait une économie de temps sur le trajet par voie de Panama. Ce qui est certain, c’est que l’isthme de Panama est plus favorablement situé pour le commerce européen, soit avec la Californie, soit avec l’Australie.

L’état de Nicaragua a tenu depuis longtemps une bien plus grande place que celui de Honduras dans les préoccupations de ceux qui poursuivent l’établissement de lignes commerciales nouvelles. Les singuliers événemens dont cette province est aujourd’hui le théâtre, les tentatives que multiplient les Américains pour y établir leur prépondérance, les débats auxquels le traité Clayton-Bulwer a donné lieu, sont encore faits pour augmenter l’intérêt que cette province du Nouveau-Monde inspire en ce moment à toutes les nations.

Il n’est pas étonnant que cette portion de l’isthme qui joint les deux Amériques ait paru dès longtemps très favorable à l’établissement d’un canal maritime : les deux magnifiques lacs qu’elle renferme se prêtent merveilleusement à une grande navigation intérieure, et semblent appeler naturellement le mouvement commercial de ces régions. Les deux lacs de Nicaragua et de Managua étaient en effet compris dans un projet célèbre, dont l’exposé, publié à Londres en 1846, excita alors une vive sensation, tant par l’importance même du sujet qu’à cause de l’auteur, que tout le monde reconnut sous de transparentes initiales[1].

Le canal proposé devait se rapprocher du fameux canal calédonien qui traverse une partie de l’Ecosse, et sert de passage aux plus gros vaisseaux marchands sur une longueur de 59 milles; 21 milles y sont formés par le canal, et le reste par les lacs Lochy, Oich et Ness. Le canal calédonien a 50 pieds de largeur à la base,

  1. Canal of Nicaragua, or a Project to connect the Pacific and Atlantic Oceans by means of a Canal, by N. L. B.; London 1846.