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très nombreux. On peut en trouver une excellente analyse dans divers ouvrages, parmi lesquels je dois citer notamment celui de M. Michel Chevalier[1]. Aussi ne reviendrai-je que rapidement sur les premières tentatives, et principalement afin de signaler les erreurs qui depuis ont été rectifiées : je m’étendrai de préférence sur les dernières explorations et sur la comparaison des opinions diverses émises au sujet de communications nouvelles

Dans la pensée de ceux qui ont les premiers étudié l’important problème de la jonction des deux océans, on devait le résoudre par l’établissement d’un canal qui put servir de passage aux plus larges bâtimens. Depuis cette époque, et sans renoncer à l’espoir de construire ce canal, on s’est attaché à étudier des tracés de chemin de fer dans l’Amérique centrale, et l’on a même achevé une ligne ferrée à travers l’isthme de Panama. Nous commencerons par nous placer dans chacune des provinces qui ont été explorées pour examiner les divers projets, soit de canal, soit de chemin de fer, et nous chercherons à en apprécier les avantages et les inconvéniens relatifs. Nous essaierons d’analyser ensuite les conséquences économiques de l’ouverture d’un canal de communication à travers une partie quelconque de l’isthme. Cet examen permettra de décider si l’achèvement du chemin de fer de Panama répond suffisamment aux exigences actuelles du commerce, ou si, pour y satisfaire, il ne convient pas d’établir de nouveaux chemins de fer dans ces contrées plutôt qu’un canal de grande communication maritime.

On s’est quelquefois étonné que les projets multipliés, les reconnaissances nombreuses faites dans l’isthme de Tehuantepec, dans ceux de Panama, de Darien, et dans le Nicaragua, n’aient jamais abouti, et que la question ne soit guère plus avancée aujourd’hui qu’autrefois. En vain les républiques de l’Amérique centrale se sont-elles montrées prodigues de concessions : les unes après les autres, les compagnies ont dû en laisser perdre le fruit, et n’ont jamais pu commencer les travaux; les capitaux européens et américains sont demeurés sourds aux appels réitérés en faveur d’un canal maritime. A ceux qui n’attribueraient une pareille inertie qu’à l’esprit de routine ou à la timidité, l’exécution du chemin de fer de Panama, accomplie au milieu de difficultés sans nombre, servirait de réponse. Pour expliquer la réserve des capitalistes en présence d’opérations aussi grandioses et qui depuis si longtemps s’annoncent avec d’aussi riches promesses, il n’est pas impossible de trouver des raisons très fortes, et l’on pourrait presque dire concluantes; il suffit d’étudier avec attention le genre de trafic dont un canal maritime

  1. Voyez aussi une étude de M. Emile Chevalier sur la jonction des deux océans dans la Revue du 1er juin 1852.