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de descendre le Bog, de manière à se trouver en mesure, dans le cas où les Autrichiens manœuvreraient pour se rapprocher du vice-roi, d’intercepter ses communications avec la Galicie. Enfin l’empereur Alexandre était à quelques marches en arrière avec le corps de Tormasov et ses gardes, réunissant ensemble 25,000 hommes. Ainsi l’effectif total des forces russes qui, à la fin de janvier, débouchèrent sur la Vistule était d’environ 120,000 hommes, y compris la cavalerie irrégulière. Le prince de Schwarzenberg écrivait le 21 janvier au vice-roi : « Les corps de Wintzingerode de Landskoï et de Miloradovitch manœuvrent dans mon flanc gauche ; Sacken et Essen paraissent suivre ce mouvement. Déjà notre avant-garde à Ostrolenka est enveloppée par une nuée de Cosaques qui marque la direction des troupes ennemies. Si cette manœuvre prend un caractère décisif, je me verrai forcé d’abandonner mes cantonnemens pour m’installer sur la rive gauche entre Modlin et Varsovie. Mes troupes, après une telle campagne, sont bien fatiguées. » Ce même jour 21, le prince informe le vice-roi qu’il vient d’envoyer le colonel comte de Latour à Ostrolenka avec toute latitude pour parlementer, « ne fût-ce, écrit-il, que pour gagner du temps et pouvoir opérer mon mouvement derrière la Vistule en ordre et sans trop fatiguer les troupes. » L’on ne tarda pas à savoir que l’avant-garde du corps de Miloradovitch, arrivée à Lomza, s’était complaisamment arrêtée, et que le commandant, le général Vasilikof, était entré en pourparlers avec le colonel de Latour. Tout aussitôt après cet échange de communications, le prince de Schwarzenberg et le général Régnier levèrent leurs cantonnemens et concentrèrent leurs troupes entre Modlin et Varsovie. Les Russes, de leur côté, passèrent le fleuve, qui était gelé, entre Varsovie et Thorn, s’étendirent sur le flanc gauche du corps autrichien et l’enveloppèrent insensiblement. Davoust eut à peine le temps de s’échapper de Thorn et de gagner Custrin. Schwarzenberg disposait de 27,000 hommes ; Régnier et Poniatowski en avaient 13,000 ; le vice-roi, à qui le maréchal Augereau venait d’envoyer 4,000 hommes, 18,000 : c’était en tout 60,000 hommes. Essen, Miloradovitch et Doctorof n’en avaient pas autant réunis en masse. Le vice-roi fit valoir cette considération auprès de Schwarzenberg et mit en œuvre tous les moyens imaginables de persuasion pour le décider à combattre. Il lui annonça l’arrivée prochaine du corps du général Grenier, qui était de 21,000 hommes, et il lui promit qu’aussitôt que paraîtrait la tête de cette colonne, il la dirigerait sur la gauche du corps auxiliaire. La lettre qui contenait ces informations fut confiée au commandant de Labédoyère, jeune officier audacieux, brillant et rempli de dextérité. Le commandant remit d’abord la lettre au prince de Schwarzenberg, puis il se fit présenter au corps des officiers autrichiens, passa deux jours avec eux, leur commu-