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sur les liqueurs fermentées, que le gouvernement perçoit par l’entremise de fermiers qui acquièrent en adjudication publique le privilège de la vente des spiritueux dans certains districts, enfin certains droits locaux variables suivant les provinces, mais tous de peu d’importance.

Les divers impôts dont nous avons essayé d’expliquer le mécanisme assurent au gouvernement de l’honorable compagnie un revenu total de 26,000,000 de livres sterl. Défalquant de cette somme un million et demi de livres sterling applicable aux frais de fabrication et d’achat du sel et de l’opium, l’on obtient pour revenu net de l’Inde une somme d’environ 24 millions et demi de livres sterling, ou 620,000,000 de fr.[1]. C’est avec cette somme que l’Inde doit faire face aux dépenses de l’administration des finances, de la justice, des douanes, de la marine, de l’armée, de la dette publique, des travaux publics, de l’éducation, des subsides aux princes natifs, de l’établissement civil et militaire d’Europe[2].

Pendant l’année 1854-1855, le projet de budget soumis au parlement présente un résultat moins favorable : diminution de revenu et augmentation des dépenses, qui laissent un déficit considérable. Il est à remarquer que ce résultat est dû surtout à la grande baisse du revenu de l’opium. On ne peut nier d’ailleurs que des sommes im-

  1. Voici le contingent qu’apportent les diverses tranches du revenu public à la somme totale. L’impôt foncier produit pour le Bengale 35.625,000 roupies, pour les provinces nord-ouest 49,750,000 roupies, pour Madras 35,289,200 roupies, pour Bombay 22,165,480, en tout 142,829 680 roupies. — Les douanes produisent pour le Bengale 10,273,500 roup., pour les provinces nord-ouest 5,222,000 roup., pour Madras 1,136,460 roupies, pour Bombay 3,113,600, en tout 19,745,560 roupies. — Le produit de l’impôt du sel (compris les provinces nord-ouest, qui tirent du Bengale le sel nécessaire à leur consommation) est pour le Bengale de 10,289,300 roup., pour Madras de 4,676,120 roup., pour Bombay de 2,279,560 roup. Le total serait de 17,244,980 roupies sans les frais d’achat et de fabrication, qui, montant à 4,831,544 roupies, le réduisent à 12,413,831 r. — Le monopole de l’opium rapporte, pour le Bengale, 29,971,1 84 r., pour Bombay 7,270,600 r., total, 37,241,784 r., d’où il faut déduire les frais variables d’achat et de fabrication, qui s’élèvent environ au tiers du produit brut, laissant ainsi un bénéfice net de plus de 25 millions de roupies. — L’impôt sur les boissons (sayer akbarry) donne un revenu de 3,152,100 roup. pour le Bengale, de 2,950,000 roup. pour les provinces nord-ouest, de 3,344,430 r. pour Madras, de 1,023,310 r. pour Bombay, total, 10,469,840 roup. — Les impôts divers, timbre, poste, marine, subsides des princes indigènes, tabacs, monnaie de Calcutta, donnent le chiffre total de 15,710,983 roupies. — Les territoires récemment acquis (non régulation provinces) offrent un revenu de 13,000,000 roup., de 2,800,000 roup. pour le Scinde, de 1,300,000 roup. pour Arracan et Tenasserim, de 2,000,000 roup. pour le Pégu, ensemble 19,100,000 roupies. — Ces chiffres, il est bon de le remarquer, expriment plutôt la moyenne de plusieurs années que les revenus d’une année spéciale.
  2. Voici comment se décomposent ces dépenses: administration financière, 20,013,066r.; — justice, 19,582,604 roup.; — douane, 2,027,739 roup.; — marine, 5,632,853 roup.; — armée, 100,695,604 roup.; — intérêts de la dette publique, 33,484,603 roup.; — travaux publics, éducation, subsides aux princes natifs, 44,852,088 roup.; — établissement civil et militaire d’Europe, 20,000,000 roup.; — total, 246,388,557 roupies. Afin de compléter ces détails sur les finances de l’Inde, nous croyons devoir reproduire ici le tableau officiel des revenus et dépenses pendant seize années, de 1835-36 à 1850-51. Nous nous bornerons à citer les chiffres du revenu net, bien que le document officiel donne pour quelques années les chiffres du revenu brut. ¬¬¬
    Années Revenu net Dépenses Déficit Surplus
    1835-36 16,391,000 l. st. 14,924,152 l.st. 1,466,848 l. st.
    1836-37 16,215,000 14,966,776 1,248,224
    1837-38 16,070,000 15,289,682 780,318
    1838-39 16,320,000 16,701,000 381,000 l. st.
    1839-40 15,512,000 17,650,000 2,138,000
    1840-41 16,141,000 17,895,000 1,754,000
    1841-42 16,834,000 18,605,000 1,771,000
    1842-43 17,485,000 18,831,000 1,346,000
    1843-44 18,284,000 19,724,000 1,440,000
    1844-45 18,271,000 18,854,000 583,000
    1845-46 18,998,000 20,493,376 1,495,376
    1846-47 19,896,000 20,867,202 971,202
    1847-48 18,748,000 20,659,791 1,911,791
    1848-49 19,442,000 20,915,115 1,473,115
    1849-50 21,686,172 21,621,326 64,846
    1850-51 20,250,530 19,834,664 415,866
    1851-52 20,404,230 19,872,965 531,265
    1852-53 20,947,425 20,523,168 424,257