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idées de l’auteur du ''Rinnovamento, elle n’atteint en rien la juste renommée de droites et bonnes intentions qu’il a laissée dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu.

L’abbé Gioberti débute, dans l’exposition de sa théorie nouvelle, par une renonciation explicite des principes de ce risorgimento dont jadis pourtant il fut l’un des plus ardens promoteurs ; mais quelles raisons donne-t-il de ce changement ? D’abord que l’union des princes italiens entre eux et que l’alliance de ces princes avec les peuples, qui étaient les premières conditions du succès des réformes que l’on poursuivait alors, sont rompues, et ne sauraient être renouées. Soit, et bien qu’il y eût encore, si l’on voulait bien, fort à dire sur ce premier point, passons condamnation. Mais les raisons autrement graves et parfaitement justes qu’il donne encore de l’échec du risorgimento, à savoir la division effroyable qui règne en Italie entre les classes de la population, entre les partis et entre les provinces, ces raisons-là, les vrais motifs après tout de la servitude séculaire de la péninsule, ne subsistent-elles pas dans toute hypothèse ? Et si elles ont fait échouer la politique du risorgimento, n’est-il pas à craindre qu’elles fassent échouer aussi quelque autre plan de conduite que ce puisse être ? Ne serait-il pas plus simple, plus raisonnable et plus logique en tout cas de conclure de l’examen des causes auxquelles l’échec du risorgimento est dû, non pas que la sage politique qu’il poursuivait doit être abandonnée, mais que les fautes qui l’ont empêché de produire tous ses fruits doivent à l’avenir être évitées ?

Passons encore cependant. À l’ère désormais épuisée de la politique réformatrice du risorgimento, il conviendrait, à en croire l’abbé Gioberti, de faire succéder une ère nouvelle dans laquelle l’œuvre de la régénération de l’Italie ne serait qu’un effet et comme une scène d’une rénovation universelle qui s’étendrait à toute l’Europe.

D’abord pourquoi mêler ainsi les affaires de toute l’Europe avec celles de l’Italie ? Ce sont des choses très distinctes, et même sous bien des rapports très différentes. L’école du risorgimento était infiniment plus sage, et quand en 1848 Charles-Albert, plein de l’esprit de cette école, prononça le mot fameux : L’Italia fara da se, il émit une maxime dont il vaudrait mieux méditer que mépriser la prudence. Il n’y a qu’un peuple au monde qui puisse régénérer l’Italie, c’est le peuple italien, et ce peuple n’a qu’une chose à faire pour cela, c’est de se régénérer lui-même.

Enfin qu’est-ce que cette rénovation universelle, territoriale, sociale, politique, économique, religieuse, dont on attend le salut de l’Italie ? Toute l’Europe a-t-elle vraiment besoin et envie de renouveler ainsi de fond en comble toutes les assises de son existence ? Il serait trop facile d’accabler l’auteur du Rinnovamento sur ce point, et, lui demandant un compte rigoureux de bien des tendances, de