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Sous quelle forme politique ensuite se produira le rinnovamento ? Sous quelle forme, républicaine ou monarchique, est-il désirable qu’il se produise en Italie ? De même qu’en traitant de l’avenir du rinnovamento dans toute l’Europe, l’abbé Gioberti a trouvé cette question oiseuse et inutile, de même, en l’examinant au point de vue spécial de l’Italie, il la trouve prématurée et secondaire. L’essentiel pour lui n’est pas là, et toutes les formes politiques lui sont bonnes, pourvu qu’il voie se réaliser enfin le rêve de toute sa vie, — l’indépendance et la liberté de son pays. « On me dit : Mais de toute manière êtes-vous royaliste ou républicain ? C’est ce qu’il faut nous déclarer avant tout et tout de suite ; autrement, et si votre profession de foi ne nous convient pas, nous laisserons là votre livre, et nous nous épargnerons la fatigue et l’ennui de le lire. Messieurs, avec toute la bonne volonté du monde, il m’est difficile de répondre catégoriquement à votre question, parce qu’à dire vrai, et à parler exactement, je ne suis ni l’un ni l’autre. Et qu’êtes-vous donc alors ? — Je suis Italien. » dans le cours de son ouvrage cependant, l’abbé Gioberti consent à entrer en plus longue conversation sur ce point, et il expose que, suivant lui, ce sera la monarchie vraisemblablement qui, si elle le veut bien, aura au moins pour un temps (almeno per un certo tempo) l’honneur de conduire les destinées du rinnovamento. Encore faudra-t-il pour cela que tout de suite la monarchie se montre à la hauteur de sa tâche, que la maison de Savoie surtout, si intéressée et si essentielle dans la question, montre clairement au reste de l’Italie qu’elle n’existe ni ne respire que pour la conduite et le triomphe de la cause commune. « Autrement, dit l’abbé Gioberti, tous les bons Italiens ne pourraient plus hésiter, et, comme le Corrège disait : Et moi aussi je suis peintre ! — ainsi moi je dirais sans scrupule : Et moi alors je suis républicain !… »

Enfin, comme l’époque du triomphe de cette grande révolution est incertaine et que les principes sur lesquels elle se fonde ne se répandront pas tout seuls, il faut, conclut l’abbé Gioberti, employer le temps qu’on a devant soi à expliquer et à populariser ces principes. Il est surtout trois points sur lesquels l’école militante du rinnovamento ne doit pas se lasser d’insister : la séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel des papes, sans laquelle il faut faire comprendre non-seulement à la population laïque, mais à tout le clergé de l’Italie, que c’en est fait dans un temps donné de l’existence historique même de la papauté ; la nécessité de renoncer par- tout, et surtout en Piémont, aux étroites idées de l’esprit municipal ; enfin l’importance de l’union, aussi prompte et aussi sincère que possible, des conservateurs et des démocrates. Livres, brochures, nouvelles à la main, journaux, tout est bon à différens titres pour