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qu’il en soit, ce qu’il y a de certain, c’est qu’Antonelli depuis a été le vrai pape, et sinon le premier auteur, au moins l’exécuteur omnipotent d’une politique qui dispute aujourd’hui (1851) la palme à celle du roi de Naples….. » On peut juger par de tels discours de la fureur qui transporte les libéraux italiens quand ils parlent des partisans ou des ministres d’un gouvernement absolu. L’incroyable absence de décence et de mesure qui caractérise ces discours frappera surtout, si l’on réfléchit que l’abbé Gioberti n’a été rien moins qu’un révolutionnaire, si l’on se rappelle qu’il venait d’être ministre des affaires étrangères à Turin et ambassadeur de Sardaigne à Paris quand il s’exprimait de la sorte, enfin si l’on pense que, d’un bout de l’Italie à l’autre, le Rinnovamento a reçu une publicité patente ou occulte qui en a fait très certainement l’ouvrage le plus populaire de la péninsule.

Est-ce cependant entre les libéraux et les absolutistes seulement que cette guerre implacable est allumée en Italie ? Il s’en faut de beaucoup. La division est aussi grande entre les diverses fractions du parti libéral qu’entre ce parti même et les absolutistes, et à l’occasion ces fractions ennemies ne se traitent guère entre elles avec plus de ménagement. Les libéraux se distinguent, comme l’abbé Gioberti déjà nous l’a appris, en royalistes et en démocrates, en unitaires et eu fédéralistes ; mais un fédéraliste aux yeux d’un unitaire, un royaliste aux yeux d’un démocrate, et réciproquement, ne sont pas moins odieux les uns aux autres que les absolutistes le sont aux libéraux, de telle sorte que la nation entière semble vouée, dans la personne de tous ses membres, aux divinités infernales de la division, de la défiance et de la haine. Il serait long et inutile de reproduire, même par extraits, les nombreux passages soit du Rinnovamento, soit des Istorie, qui pourraient textuellement confirmer ce que nous disons là. Chacun d’ailleurs sait malheureusement, dans le siècle où nous sommes, à quels excès est susceptible de s’emporter partout le langage des partis, et on se contentera aisément, pensons-nous, des passages que nous avons donnés concernant le roi de Naples et le cardinal Antonelli. Nous insisterons seulement un peu, pour achever cette triste peinture des partis italiens, sur l’esprit comparé des systèmes qui divisent les unitaires et les fédéralistes : on verra combien, sur cette question capitale de la forme politique qu’il conviendrait de donner à l’Italie rendue libre, les Italiens sont loin d’être d’accord.

Il semble, dans l’état où est la péninsule, que la seule préoccupation de ses habitans, Piémontais, Lombards, Toscans, Romagnols, Napolitains, devrait être de s’entendre pour former entre eux l’union la plus solide possible, sans s’arrêter à disputer de la forme de gouvernement à donner à cette union. La question aujourd’hui pour