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aimant est un ensemble, un système de courans électriques, comment retirer cette électricité de l’intérieur du corps magnétique, où elle est sans doute disposée en courans circulant tout à l’entour des particules minimes, des atomes qui constituent les corps solides, liquides ou gazeux? Comment saisir ces courans infiniment petits pour les forcer à se manifester par les actions ordinaires qu’exercent les agens électriques connus?

C’est ce résultat qu’a obtenu M. Faraday, qui, interprétant l’expérience d’Arago comme l’effet de courans que l’aimant ferait naître dans la plaque mobile, eut l’heureuse idée d’essayer de recueillir ces courans, comme cela se pratique pour le courant de la pile de Volta. L’aimant devint entre ses mains une puissante machine électrique avec laquelle il reproduisit tous les phénomènes. Tout fut obtenu, attractions, répulsions, étincelles, actions chimiques, chaleur, lumière, commotions nerveuses, action sur l’aiguille aimantée, direction par le globe. Un caractère tout à fait nouveau dans les forces de la nature signale celles dont on doit la découverte à M. Faraday, c’est qu’elles cessent d’agir au moment où le mouvement cesse, à peu près comme ferait une flèche qui percerait tant qu’elle serait en mouvement progressif, mais dont la blessure disparaîtrait au moment même où la flèche cesserait d’avancer.

Si on veut bien, dans le résumé historique que je viens de tracer, prendre à part les diverses propriétés du magnétisme qui y sont exposées, on aura par énumération la définition et le tableau du magnétisme physique; mais cette énumération serait loin d’être complète. Ainsi elle ne comprend ni les nombreux phénomènes connus sous le nom de diamagnétisme' et de paramagnétisme, ni le magnétisme des gaz eux-mêmes, car l’oxigène, ce roi de la nature, a été reconnu avoir les propriétés de l’aimant, même quand il conserve son état de fluide aériforme.

Je ne puis omettre une dernière découverte de M. Faraday, relative à l’action de l’aimant sur la lumière. La physique possède les moyens de distinguer dans un rayon de lumière ses différens côtés, comme, pour une flèche, on peut distinguer les divers côtés par la position du fer aplati dont elle est armée, et qui suit le mouvement de la flèche quand celle-ci tourne sur elle-même. Eh bien! M. Faraday, par une aimantation électrique, a fait tourner sur lui-même un rayon de lumière. C’est sans doute là le germe de futurs progrès pour la science de la lumière et pour la connexion qui sans doute existe entre ce principe et l’électricité, comme aussi entre l’électricité et la chaleur. C’est une contrée entrevue pendant une course rapide sur une voie ferrée avec les ailes de la vapeur, et qui promet de riches trésors à une exploration tranquille et sérieuse. C’est une perspective ouverte à de nouveaux progrès dans la connais-