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OErsted, par cette grande découverte, avait tiré l’action magnétique de son isolement. L’électricité avait aussi une action magnétique. OErsted avait été le Christophe Colomb du magnétisme; Ampère en fut le Pizarre et le Fernand Cortès. Ce grand physicien se distingua par un trait de génie : il admit et prouva que l’électricité seule était la cause des propriétés de l’aimant. L’aimant n’est, suivant lui, qu’un assemblage spécial de courans électriques, et en effet, en disposant de pareils courans, il obtint de véritables aimans par la seule électricité transmise le long des contours d’un fil métallique enroulé en spirale ou en hélice. Ces appareils ingénieux ont des pôles et sont dirigés par le globe du nord au sud. De plus, on voit que, pour expliquer l’action mystérieuse sur l’aiguille aimantée, il suffit d’admettre dans le globe des courans électriques dirigés de l’est à l’ouest, et d’après ce qui a été dit plus haut ces courans disposeront l’aiguille aimantée nord et sud exactement comme le donne l’expérience de la boussole. La loi des actions des appareils électriques fonctionnant comme des aimans fut trouvée la même par l’expérience que celle des aimans précédemment connus, c’est-à-dire l’inverse du carré des distances. Enfin, au moyen de l’action de l’électricité sur le fer doux, on fit des aimans capables déporter non point seulement quelques kilogrammes, mais bien le poids de plusieurs pièces de canon. Dans un livre publié en 1822 par Ampère et par moi, on trouvera l’idée de transmettre des signaux par le courant de la pile agissant sur l’aiguille aimantée. Le chapitre porte ce titre : Télégraphe électro-magnétique. Ainsi Ampère est le véritable inventeur du télégraphe actuel, et je pense que personne maintenant ne lui dispute cette grande gloire utilitaire.

Arago avait trouvé qu’un aimant placé dans le voisinage d’une plaque métallique qui n’agit pas sur lui devient sensible à l’action de la plaque quand on met celle-ci en mouvement. En tournant, elle entraîne le barreau aimanté, quoique celui-ci soit renfermé dans une boîte et complètement à l’abri de l’influence de l’air mis en mouvement par la plaque tournante. C’était un fait inexplicable dans une partie de la physique déjà éminemment obscure. On enregistra le fait et on attendit, tout en l’étudiant sous toutes ses faces. M. Herschel, dont nous avons parlé tout à l’heure, aussi bon physicien que grand astronome, renversa l’expérience d’Arago, et en faisant tourner l’aimant sous la plaque et non pas la plaque sous l’aimant, il vit la plaque suivre le mouvement du barreau aimanté mis en mouvement rotatoire.

On avait donc, indépendamment de l’expérience d’Arago, constaté qu’avec de l’électricité on pouvait faire de l’aimant; mais comment avec des aimans faire de l’électricité? Si, suivant Ampère, un