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d’ailleurs étaient connues des anciens; seulement, au lieu de notre cire à cacheter, qu’ils ne connaissaient pas, ils employaient l’ambre jaune appelé électron. C’est de là, connue chacun sait, qu’est venu le nom d’électricité. Pour prévenir quelques méprises, je dirai que ce mot électron, dans Homère, désigne un métal précieux, alliage naturel d’or et d’argent, car les anciens, qui connaissaient fort bien l’affinage de l’or et de l’argent par le plomb et la coupellation, ne savaient pas séparer l’or de l’argent, opération comparativement récente, et qui a suivi la découverte chimique des acides.

Quant à la polarité de l’aimant, elle consiste en ce que la vertu magnétique n’est jamais distribuée également dans tous les points de la pierre naturelle ou du barreau aimanté artificiel. On reconnaît qu’elle est toujours résidente vers deux points opposés de l’aimant, et qui, si l’aimant est taillé en boule ou sphère parfaite, correspondent, pour le petit globe aimanté, aux deux pôles du globe terrestre. Ce vaste globe ayant été reconnu par son action sur l’aiguille aimantée posséder dans les régions polaires une vertu magnétique analogue à celle que possèdent les deux points opposés des aimans, le nom de pôles magnétiques passa naturellement à ces points. D’après cette assimilation, l’aimant naturel taillé en boule fut souvent appelé terrella, c’est-à-dire a petite terre. »

L’attraction mystérieuse des corps aimantés et électrisés une fois reconnue, il était naturel de supposer une attraction de nature spéciale pour expliquer les mouvemens célestes. Aristote avait admis que le mouvement circulaire était naturel. Pour lui, il n’y avait rien d’étonnant à voir la lune tourner autour de la terre, ainsi que le soleil et les planètes, d’après la théorie admise alors. Depuis la renaissance, quand les lois du mouvement furent mieux connues, on comprit que jamais sans cause extérieure un corps mobile ne dévie de la ligne droite et ne change sa vitesse. On admit donc vaguement, mais très rationnellement, qu’une certaine attraction du genre de l’action magnétique retenait la lune, par exemple, à une distance constante de la terre, et forçait notre satellite à décrire un cercle autour de nous. C’est ainsi qu’un cheval retenu par une longe décrit autour du palefrenier un cercle dont celui-ci occupe le centre. Borelli, Varignon et bien d’autres avaient proposé cette explication de la cause régulatrice des mouvemens célestes. La pesanteur terrestre avait aussi été attribuée à une attraction pareille opérée par la terre sur les corps pesans. Cependant c’étaient là de sourdes rumeurs scientifiques qui ne s’entendaient pas au milieu de l’immense retentissement des fameux tourbillons de Descartes. Plus de la moitié du XVIIe siècle s’écoula ainsi.

Enfin Newton découvrit la loi de cette attraction, vaguement indiquée. Il vit qu’elle diminue avec la distance, et même plus rapide-