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rapproche l’animal des machines employées dans une usine. Il est évident qu’on demande à celles-ci deux choses bien distinctes, — la quantité et la qualité des produits. Toutes choses égales d’ailleurs, un rendement plus considérable, une somme de travail industriel plus élevée est pour les machines un caractère de supériorité. Or, pour atteindre ce but, l’industrie agit de deux manières : tantôt elle augmente la puissance d’une machine donnée, comme lorsqu’il s’agit d’une locomotive dont elle accroît les dimensions ; tantôt elle multiplie les parties actives, comme lorsqu’elle ajoute un certain nombre de broches à un métier de filature. Dans les deux cas, il y a un surplus de matière employée et mise en jeu pour obtenir un résultat plus grand. Quelque chose de tout semblable se rencontre dans le règne animal. Toutes les autres conditions étant égales, la masse des tissus vivans qui entrent dans la composition d’un organisme est en rapport avec la quantité de travail fonctionnel. Augmenter cette masse, c’est donc perfectionner l’animal d’une certaine façon, et cette augmentation s’effectue comme dans nos ateliers, tantôt par le simple accroissement de toutes les parties, tantôt par la multiplication de quelques-unes. Le tigre n’est au fond qu’un chat plus grand, et par cela seul plus fort et plus puissant ; la phyllodocée lamelleuse, qui compte jusqu’à huit ou neuf cents anneaux parfaitement semblables, qui atteint jusqu’à sept ou huit décimètres de long, diffère à peine, sous tous les autres rapports, des annélides voisines, qui n’ont qu’une centaine d’anneaux et un ou deux décimètres de longueur. Tous deux sont néanmoins très faciles à distinguer de leurs congénères. Chez tous les deux, par l’accroissement de la masse, la nature a perfectionné et par cela même a satisfait à la loi de variété. La loi d’économie se trouve également observée, puisque, pas plus dans le tigre que dans la phyllodocée, aucun appareil, aucun organe ne diffère de ceux des espèces les plus rapprochées. Dans le premier cas, on ne trouve pas la moindre innovation ; dans le second, il y a simple répétition de ce qui existait déjà.

Le procédé si simple de la répétition est un des plus fréquemment employés à l’extérieur comme à l’intérieur de l’économie animale. Il joue un grand rôle en physiologie. Sans entrer dans le détail de ces applications si diverses, si multipliées, signalons une de celles dont le résultat est le plus frappant. Pour partager le règne animal tout entier en quatre groupes fondamentaux, construits sur un plan essentiellement distinct, il a suffi que les parties similaires ou homologues fussent répétées suivant des règles différentes. Groupées autour d’un point unique qui sert* de centre, elles donnent naissance aux rayonnes, dont les astéries ou étoiles de mer peuvent être regardées comme le type. Disposées en séries longitudinales