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dans un livre, bien fait d’ailleurs, de M. Sacc, L’humus et l’acide carbonique qu’il produit peuvent aider à la végétation, mais n’en sont point les agens principaux. L’eau, soit celle de l’air, soit celle du sol, se décompose à chaque instant, et fournit aux plantes de l’oxygène et de l’hydrogène. De plus ce n’est que sous l’influence des rayons solaires, ou plutôt des rayons chimiques du soleil, que la chlorophylle décompose l’acide carbonique ; dans l’obscurité, le contraire a lieu, et les plantes absorbent de l’oxygène, dont elles rejettent une partie combinée à du carbone et dont elles condensent l’autre partie. On sait que c’est pour cette raison que quelques médecins défendent aux malades de se promener le soir. C’est en effet le moment de la journée où l’air est le plus vicié. Quant à expliquer pourquoi les végétaux sont successivement des producteurs et des consommateurs d’acide carbonique, on ne le peut, et il faut abandonner le fait aux partisans des causes finales. Ce n’est pas tout d’ailleurs, et l’oxygène de l’air ne suffirait pas à nourrir toutes les plantes ; les racines vont chercher l’oxygène dans le sol, qui le leur fournit, non à l’état de combinaison, mais pur, ou plutôt, comme disent les chimistes, à l’état naissant, c’est-à-dire dans l’état le plus propre aux combinaisons. Ce serait une raison, entre mille autres, de labourer la terre avec soin, de sorte que l’air puisse pénétrer dans le sol. Cet oxygène, ainsi absorbé par les racines, les fruits et les parties ligneuses, se change bientôt en acide carbonique, qui parvient jusqu’aux parties vertes, où se passe un phénomène identique à celui que j’ai décrit tout à l’heure. Une décomposition a lieu, et le carbone est absorbé, tandis qu’une partie de l’oxygène mise à nu est expulsée ; l’eau aussi est décomposée. Aucune expérience ne le prouve précisément, mais la fixité de la composition de l’air rend cette décomposition très probable. Si une partie de l’oxygène ne venait pas de l’eau, l’atmosphère ne serait bientôt plus respirable.

Voilà donc trois des substances composant les végétaux qu’il est inutile de fournir au sol, et il faut se contenter d’en favoriser l’assimilation par des labourages qui aèrent la terre et permettent à l’eau de venir mouiller les racines. Ces trois substances sont nécessaires, mais c’est l’eau du ciel, l’atmosphère et la respiration des hommes qui les fournissent, et par conséquent l’agriculteur n’a pas à y songer. Pour l’azote, la question est plus difficile, et la science ne s’est pas encore prononcée d’une manière définitive sur toutes les parties d’un problème posé d’ailleurs plus tard que les autres. De toute éternité, on sait que les plantes donnent du charbon après une combustion imparfaite, et depuis les découvertes de Lavoisier on sait que l’oxygène et l’hydrogène font partie de toute substance organique ; mais c’est très récemment que la présence de l’azote,