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nous voulons le ravoir, nos maîtres, dans leur mauvaise humeur, nous répondent : « Vous ne l’aurez pas, » et nous voilà sur le pavé.

« Chœur. — Or ça, etc.

« Il y a aussi les hommes de Blackburn et de Stockport, —.je l’ai entendu de leur bouche, — qui sont prêts à nous donner leur appui et à nous suivre dans la carrière. Unissez-vous donc en phalange compacte, et ne consentez jamais à retourner à vos métiers sans le dix pour cent.

« Choeur — Or ça, etc.

« Dans la ville de Preston, je le crois, les maîtres sont nos ennemis ; mais quelques-uns d’entre eux, avant qu’il soit longtemps, porteront des habits en lambeaux. Nous resterons unis comme un seul homme, et nous n’aurons plus lieu de gémir, lorsque sera finie cette grande guerre du dix pour cent.

« Chœur. — Or ça, etc.

« L’hiver approche ; il fera bien froid, mais nous persévérerons dans notre demande, comme des guerriers pleins d’audace. Et si les maîtres ne cèdent pas et ne consentent pas nettement à la chose, nous tiendrons bon jusqu’à ce que leurs fabriques s’écroulent pour la cause du dix pour cent.

« Chœur- — Or ça, etc.


COMPLAINTE DE LA MÈRE QUI A PERDU SA FILLE.

« Venez et consolez-moi dans ma douleur. Je reste seule à gémir sur cette terre. Mon enfant chérie m’est ravie, et je dois maintenant pleurer à jamais. Elle était pour moi tout ce que je pouvais souhaiter. Si elle m’avait été conservée, j’aurais été contente ; mais, hélas ! elle est morte martyre de la cause du dix pour cent.

« Quand vint cette triste nuit où elle devait mourir, son cœur était léger et gai. Elle se rendit avec les autres au lieu fixé pour y recevoir son salaire. Elle parla en termes chaleureux d’un avenir meilleur, elle exprima l’espoir que les patrons consentiraient enfin à donner aux ouvriers du Card Room leur juste et légitime dix pour cent.

« La chambre qu’on s’était engagé à leur donner leur fut refusée, parce que leur pauvreté choquait l’orgueil de leur maître. On les entassa dans une toute petite chambre, qui s’écroula bientôt, et précipita dans les bras de la mort ma fille unique, victime du dix pour cent.

« Oh ! puisse le Dieu du ciel jeter un regard sur le pauvre qu’on opprime et punir sans merci les orgueilleux contempteurs du droit ! car mon enfant chérie a disparu pour toujours. Pour moi, plus de bonheur ; mais j’espère vivre pour voir l’indigent en possession de son dix pour cent.

« Adieu donc, Jeanne, ma bien-aimée ; mais bientôt, j’en suis sûre, nous nous reverrons dans ce monde serein où nul maître n’osera nous opprimer ni nous affliger. Je murmurerai une prière au Très-Haut, afin qu’il redresse nos griefs et qu’il donne à ses pauvres, désarmés qu’ils sont, leur juste et légitime dix pour cent.


JAMAIS LES ANGLAIS NE SERONT ESCLAVES.

« Anglais, compatriotes, levez-vous ! La lutte dure encore, la lutte entre les enfans du travail et la bande des maîtres. Notre cause est juste, aidez-nous