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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1857.


Ce qui surviendra en Europe d’ici à quelques années, ou même d’ici à quelques mois, si l’on veut, qui pourrait le dire ? Ce qui résultera des derniers incidens de la politique, qui pourrait le prévoir ? Sans doute ces incidens, dont on s’est appliqué à scruter le secret, peuvent avoir des conséquences qu’on verra se traduire, à un jour donné, en faits publics. Ce n’est pas pour rien évidemment que des souverains se rencontrent, que des rapprochemens inattendus s’opèrent, que toute la diplomatie est en mouvement. D’un autre côté, il y a dans toutes les situations une logique qui tend sans cesse à se dégager. Une chose toutefois reste bien certaine pour le moment, c’est que tout est encore à sa place en Europe. L’entrevue de Weimar a succédé à celle de Stuttgart, comme celle-ci avait suivi le voyage à Osborne ; les principaux souverains ont cherché et trouvé l’occasion de délibérations ou d’entretiens plus intimes, et rien n’est changé dans l’ensemble des rapports généraux du continent. Peut-être même ceux-là seraient-ils le plus rapprochés de la vérité, qui s’en tiendraient aux conjectures les moins ambitieuses au sujet de ces visites si diversement et si étrangement interprétées. Si Stuttgart n’a point été et ne pouvait être un nouveau Tilsitt, si l’alliance intime et exclusive de la France et de la Russie est une chimère, que deviendra cette autre éventualité qu’on se plaisait récemment à rattacher à l’entrevue de Weimar, celle d’une alliance de la Russie et de l’Allemagne contre la France ? Cette merveilleuse combinaison est vraisemblablement le fruit tardif et malheureux d’un dernier accès de mauvaise humeur des journaux allemands. Non, si l’on s’en tient au présent, rien ne semble changé, et, même dans les limites des hypothèses les plus simples, les visites impériales et royales qui viennent d’occuper pendant tout un mois les imaginations du continent ont encore une signification, une portée politique : elles ne modifient pas la situation respective des gouvernemens, elles peuvent influer sur les dispositions qu’ils portent dans le maniement des affaires du monde.

On n’en est point à remarquer en effet que des dissonnances singulières se sont successivement manifestées en Europe depuis quelque temps, sur-