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pété cette vérité, qui parmi les hommes éclairés était devenue banale. Enfin il est notoire qu’une partie des fraudes et des violences commises par les rois faux-monnayeurs, et surtout par Philippe de Valois et Jean, avaient été pratiquées par le jeu des deux métaux admis sur le même pied dans le système monétaire, et alternativement rapportés l’un à l’autre.

Secondement le métal qu’on a toujours voulu avoir pour étalon depuis 1789 est très expressément l’argent. Dans la pensée de tous ceux dont les travaux antérieurs ont concouru à préparer la loi du 7 germinal an XI, et, ce qui importe le plus, dans celle du législateur de l’an XI lui-même, l’or, malgré le haut prix qui s’y attache, n’est qu’un métal subordonné. Pour abréger cette discussion, je n’exposerai pas ici les motifs de la préférence ainsi donnée à l’argent. Ce serait une digression assez superflue, et au surplus le lecteur y suppléera lui-même. Dans les traités sur la matière, il a été souvent prouvé que l’argent avait en somme pour le moins autant d’aptitude que l’or à remplir le rôle d’étalon, et j’y renvoie[1]. Je n’ai pas besoin de faire observer que le choix de l’argent pour le métal étalon n’exclut pas l’or de la circulation. Il serait très possible, dans ce système, d’avoir même en abondance des pièces d’or. Je ne terminerai pas cet essai sans rappeler les principales combinaisons qui ont été mises en pratique ou proposées pour cet objet.

Une troisième proposition, au sujet de laquelle ne sont pas moins d’accord tous les documens accumulés depuis 1789, qui sont venus se résumer dans la loi du 7 germinal an XI, c’est que, pour consacrer la fixité de l’unité monétaire et la rendre immuable, autant qu’il dépend des hommes d’imprimer ce caractère aux institutions qui sortent de leurs mains, on a voulu établir un lien indissoluble entre le système monétaire et le système métrique. Dès le premier moment où l’on s’est occupé de celui-ci, l’unité monétaire a été classée parmi les diverses unités de mesures. Rien n’était plus logique et plus opportun.

A l’appui de ce que j’avance touchant l’esprit des différens documens qui ont abouti à la loi du 7 germinal an XI, on me demandera peut-être des preuves : je m’empresse de les fournir dans l’ordre chronologique; je commencerai par Mirabeau.

Dans le remarquable discours que j’ai cité, il ne se borne pas à faire avec détail la critique, malheureusement trop juste, du sys-

  1. Les raisons par lesquelles se recommande l’argent ont été exposées avec force et lucidité dans un document que le gouvernement hollandais a fait écrire en français et répandre dans toute l’Europe pour faire connaître sa réforme monétaire, et qui est sorti de la plume de M. Vrolik. devenu depuis ministre des finances. C’est une pièce de beaucoup d’intérêt, qui abonde en renseignemens précieux.