Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/824

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

concentrer principalement, c’est-à-dire la production de l’huile, du vin et des tissus de soie. Or, si ces produits naturels étaient assez abondans pour que le Piémont y trouvât matière à des échanges suffisans, sans doute il n’y aurait pas à regretter de voir la consommation intérieure recourir à l’importation pour se procurer d’autres objets à meilleur compte, et tous les efforts du pays se porter sur des productions locales où la supériorité lui serait acquise. Malheureusement, quelle que soit la fertilité naturelle de la Ligurie et du Piémont proprement dit, malgré les revenus que l’île de Sardaigne, presque encore inculte, peut assurer dans l’avenir, malgré l’abondance des produits minéralogiques que renferment les districts montagneux de la Savoie, on ne peut prétendre que les états sardes soient appelés à jouer, même comparativement à leur étendue, le rôle réservé dans l’exportation, comme pays producteurs, à la Russie, à l’Espagne, à l’Autriche. Les provinces de Nice et de Gênes sont riches en huile d’olive. L’exportation était en 1849 de 5 millions de kilogr., de 9 millions en 1850, de 4 seulement en 1851; en 1852, elle monte à 11, retombe à 3 en 1853, et revient à 8 1/2 en 1854. L’industrie vinicole est la seconde en importance ; elle occupe un dixième de la superficie totale du royaume et produit environ 3,660,000 hectolitres. L’exportation des vins en 1849 est de 11,000 hectolitres, de 9 en 1850, de 15 en 1851, et depuis la réforme des tarifs, c’est-à-dire depuis 1852, elle monte à 12,000 pour 1852, 15,000 pour 1853, et 12,000 pour 1854. Enfin la production de la soie et les diverses industries qui s’y rattachent constituent la principale ressource du Piémont. Les filateurs piémontais ont dans l’opération du filage une habileté telle que les fabricans français, lorsqu’ils sont pressés par des demandes considérables, s’adressent à eux de préférence : c’est grâce aux transactions sur la soie que le pays a pu conjurer les effets désastreux du déficit des denrées alimentaires. Il résulte toutefois des chiffres publiés que l’exportation de la soie a été, pour la soie préparée, de 555,000 kilogr. en 1849, 476,000 en 1850, 477,000 en 1851, — de 590,000 depuis la réforme en 1852, 588,000 en 1853, 837,000 en 1854. Les tissus de soie avaient donné lieu à une exportation de 45,000 kilogr. en 1849 et 1850, de 49,000 en 1853; l’exportation s’élève à 57,000 kilogr. en 1854, d’où il résulte qu’un certain progrès s’est opéré dans cette dernière année seulement pour cette branche du travail national. Si toutefois l’on compare avec ces chiffres de l’exportation ceux de l’importation des mêmes objets, on verra que l’industrie locale a encore une grande marge à remplir pour subvenir aux besoins de la consommation intérieure, et que l’étranger a surtout profité des accroissemens de cette consommation. Ainsi la soie préparée, qui en 1850 comptait dans l’importation