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par le développement de l’importation; l’intérêt de l’industrie piémontaise, contrainte à lutter avec la concurrence extérieure; enfin l’intérêt de la consommation intérieure, approvisionnée à meilleur compte par les produits étrangers.

Au point de vue du trésor, le relevé des douanes est concluant. En 1848, année calamiteuse à tant de titres, le revenu des douanes tomba à 14 millions 1/2. En 1850, il se releva à 18 millions. La réforme des tarifs en 1851 l’abaisse à 16; il revient à 17 en 1856, et atteindra 18 millions en 1858, si les prévisions du budget se réalisent. C’est donc un effet nul jusqu’à présent; mais sous l’empire de circonstances heureuses, l’avenir peut amener une amélioration notable. Les chiffres du revenu des douanes établissent en même temps les conséquences de la réforme des tarifs au point de vue de la consommation intérieure. Celle-ci a en effet profité de tout l’excédant de l’importation étrangère, qui, donnant ses produits en plus grande quantité, a payé au trésor une somme égale à celle qu’elle acquittait lorsque chacun de ses articles était frappé d’un droit supérieur. Un tel progrès perdrait néanmoins beaucoup de son importance, si l’accroissement de la consommation intérieure coïncidait avec la diminution du travail national, et c’est malheureusement ce dont on ne saurait douter.

Avant 1850, le gouvernement sarde ne publiait point de documens qui pussent faire apprécier la valeur des échanges et l’importance du commerce extérieur. Comme ce commerce se concentrait presque exclusivement dans les ports, d’après les données recueillies par les agens français, on avait été amené à conclure que la valeur du commerce par mer des états sardes pouvait être portée à 400 millions de francs. Un tableau publié dans les Annales du commerce extérieur avait même signalé les progrès de ce commerce maritime sarde de 1830 à 1846. Le total, en 1830 de 272 millions, importation et exportation, s’était élevé en 1846 à 390 millions. C’était pour la seconde période de 1840 à 1846 une augmentation moyenne de 82 millions de francs sur la période de 1830 à 1836; mais les rapports de l’exportation à l’importation s’étaient beaucoup modifiés : quand en 1830 l’importation n’était que de 141 millions contre 131, elle s’était élevée à 223 contre 167 en 1846.

En 1850, le gouvernement sarde publia un tableau du commerce extérieur par mer et par terre, mais sans comprendre les mouvemens du transit et les transactions effectuées par le port franc de Nice. L’importation figurait pour 112 millions, l’exportation pour 94. En 1851, l’importation montait à 130, et l’exportation s’abaissait à 73. — C’était une décroissance de 3 millions seulement sur l’ensemble; mais la différence de l’exportation à l’importation s’était