Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/800

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

relient Paris aux villes de Rouen et d’Amiens, MM. Fizeau et Gounelle ont montré, par des expériences fort ingénieuses, que l’électricité parcourt, pendant une seconde, 100,000 kilomètres dans un fil de fer et 180,000 dans un fil de cuivre. M. Gould, aux États-Unis, se servit d’un fil qui relie, sur une distance de 1,680 kilomètres, Saint-Louis à Washington, et trouva que les courans électriques le traversent avec une vitesse de 20,600 kilomètres par seconde. En Angleterre, l’astronome Airy a fait voir que cette vitesse est de 12,100 kilomètres sur la ligne de Greenwich à Edimbourg, et seulement de 4,300 kilomètres sur la ligne sous-marine qui relie Londres à Bruxelles. Le fluide électrique parcourt donc les fils terrestres avec une vitesse très variable, mais il s’y meut toujours avec beaucoup moins de paresse que sur les câbles plongés dans l’eau. Le célèbre physicien anglais Faraday a le premier expliqué cette différence; dans un câble sous-marin, les fils de cuivre destinés à servir de véhicule aux courans sont isolés par une couche de gutta-percha. Pour donner au câble plus de solidité, on tresse des fils de fer autour de cette enveloppe, et la corde ainsi préparée est descendue au fond de la mer. Les fils de cuivre qui en forment le centre ne sont donc séparés que par un mince manteau de gutta-percha du fer et de l’eau, qui sont de bons conducteurs électriques. Il en résulte qu’au moment où passe un courant, les corps voisins sont, comme disent les physiciens, influencés, c’est-à-dire dérangés eux-mêmes dans leur repos électrique et manifestent une excitation propre. C’est exactement ce qui arrive quand on charge un de ces appareils nommés bouteilles de Leyde, si communs dans tous les cabinets de physique. L’électricité qui s’accumule autour du cylindre de gutta-percha réagit à son tour sur celle qui voyage à l’intérieur, tend à la retenir et oppose ainsi une notable résistance à la marche du courant. M. Faraday a fait voir, par une expérience directe, que, sur une ligne aérienne de 1,500 milles anglais de longueur, l’électricité se répand presque instantanément d’un bout à l’autre du fil, tandis qu’elle emploie jusqu’à deux secondes à faire le même trajet dans un fil sous-marin.

Ces résultats faisaient craindre qu’on n’éprouvât une grande difficulté à transmettre des signaux distincts, avec une suffisante rapidité, à travers un câble aussi long que celui qui devait traverser l’Atlantique. M. Whitehouse, l’électricien de la compagnie (pour une chose nouvelle il faut un mot nouveau), s’est occupé de lever ces doutes. Pendant l’année 1855, on préparait en même temps à Greenwich deux câbles destinés, l’un à traverser le golfe Saint-Laurent, l’autre à compléter la ligne de la Méditerranée, en unissant la Sardaigne à la côte d’Afrique. L’un de ces câbles devait se composer de trois fils de cuivre, l’autre de six. En formant un circuit unique