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LA
TELEGRAPHIE ELECTRIQUE
ENTRE LES DEUX MONDES



Lorsqu’Ampère découvrait les lois de l’électricité dynamique et faisait construire le premier appareil destiné à transmettre des signaux à l’aide du mouvement de petites aiguilles aimantées, il ne pouvait prévoir quelle brillante et rapide fortune était réservée à ce nouveau système de télégraphie. S’il eut l’incontestable mérite d’en poser les premières bases, c’est au physicien anglais Wheatstone et à l’ingénieur américain Morse que revient surtout l’honneur d’avoir réalisé, d’une manière simple et ingénieuse, la pensée hardie du savant français.

Ces fils dont on peut bien dire, sans la moindre hyperbole, qu’ils transmettent la pensée avec la rapidité de la foudre, — les fils du télégraphe électrique couvrent aujourd’hui de leur léger réseau tous les pays civilisés, se suspendent le long de tous nos chemins de fer, s’entrecroisent au-dessus des rues de nos grandes villes, traversent les plus hautes chaînes de montagnes. Qui eût, il y a vingt ans seulement, deviné que des ordres envoyés de Paris et de Londres feraient mouvoir le même jour des armées dans la Crimée, — ou, s’il est permis de passer du sujet le plus grave au plus frivole, que le touriste qui voyage dans les Alpes pourrait, grâce au télégraphe, retenu son gîte du soir au sommet du Righi?

L’étonnante extension de la télégraphie électrique s’explique aisément par la simplicité des moyens qu’elle emploie. Un fil de fer, des poteaux, quelques appareils d’une construction et d’un emploi