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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1857.


Encore une fois, n’y aurait-il pas aujourd’hui à faire la part de la politique des conjectures et des hypothèses à côté de la politique plus modeste qui se traduit en faits précis, en événemens trop réels ? Il est dans la nature de certains incidens exceptionnels de ne pouvoir passer inaperçus, et de provoquer une véritable effervescence dans les imaginations. Importans par eux-mêmes, ils font plus de bruit encore, s’il est possible, par tous les commentaires qu’on veut bien y rattacher, par les prévisions dont ils deviennent le point de départ. Telle est, on le sait, l’entrevue qui vient d’avoir lieu à Stuttgart, à la cour du vieux roi de Wurtemberg, entre l’empereur des Français et l’empereur de Russie. Les Allemands, il faut le dire, ne se sont pas montrés les moins féconds en interprétations et en inventions. Avec leurs habitudes spéculatives, ils ont envisagé l’événement sous toutes ses faces et ont épuisé toutes les combinaisons. Quel pouvait être l’objet de l’entrevue de Stuttgart ? Que résulterait-il de ces rapports nouveaux, scellés entre les chefs des deux plus puissans empires du continent, au cœur de l’Allemagne et sans l’Allemagne ? Le rapprochement intime de la France et de la Russie était évident, il n’y avait plus à en douter. L’Autriche seule, parmi les grandes puissances, se tenait à l’écart, isolée dans sa politique, séparée de la Russie par plus d’un souvenir, séparée de la France dans la récente affaire des principautés. N’était-ce pas là le principe d’une situation entièrement nouvelle, dangereuse même pour l’indépendance de l’Allemagne, à en croire les journaux autrichiens ? Puis tout à coup la scène change : il ne s’agit plus seulement de l’entrevue de Stuttgart ; c’est une rencontre nouvelle, qui jusqu’ici semblait moins prévue, entre l’empereur François-Joseph et l’empereur Alexandre II. Les deux souverains d’Autriche et de Russie vont se trouver ensemble à Weimar. Ils se verront pour la première fois depuis l’avènement du nouveau tsar. Cette rencontre était moins prévue, disons-nous, elle a surpris même à Vienne. On n’ignore pas en effet