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tenu en possession par Henri III. En définitive, ce système de concession générale ne porta aucun fruit. Henri II et ses successeurs n’avaient emprunté à Louis XI son idée d’un grand-maître des mines que pour la dénaturer. Louis XI avait voulu visiblement instituer un fonctionnaire supérieur, dans le sens moderne du mot, et lui donner, indépendamment d’attributions à la fois judiciaires et fiscales, finalement très complexes, un rôle technique et administratif fort remarquable pour l’époque. Henri II et ses fils, malgré le titre de grand-maître, gouverneur-général et surintendant des mines et minières de France, qu’ils laissèrent prendre à Roberval, Saint-Julien et Bellesaigues, n’eurent toujours qu’un fermier.

Du reste, telle était la confusion qui régnait alors dans toutes les branches de l’administration française, que, pendant la plus grande partie de la seconde phase de l’ancienne législation, il y eut un véritable parallélisme entre deux séries de concessionnaires généraux. J’ai montré Roberval, Saint-Julien et Bellesaigues se succédant régulièrement. En 1562, Charles IX, — qui, six années plus tard, ne fera aucune allusion à cette provision anticipée d’un office dont il pourvoit Bellesaigues, — prenant en considération l’expérience minéralogique d’Etienne de Lescot, capitaine de marine, lui concède, pour en jouir après l’expiration de la concession de Saint-Julien et aux mêmes conditions, le droit de mettre en œuvre toutes les mines et minières du royaume. En 1577, Henri III continue ce droit à Lescot et le transporte, au bout de trois ans, à Antoine Collonges, marchand lyonnais, son associé; enfin il maintient, en 1588, François de Troyes, seigneur de la Féraudière, contrôleur-général des traites domaniales, comme successeur de Lescot, dans la charge de général et superintendant des mines et minières de France; Henri III ne parle pas plus désormais de Roberval, Saint-Julien et Bellesaigues qu’il ne prononce, en 1574, le nom de Lescot. « L’ambition, l’avarice et l’intrigue des courtisans, dit l’auteur des Anciens Minéralogistes, étaient la cause secrète de tant de changemens dans les chefs des mines. »

La transition naturelle entre la deuxième et la troisième des phases qui divisent la période la plus ancienne de l’histoire de la législation souterraine est marquée par un premier édit de Henri IV (janvier 1597), document peu connu et qui ne mérite pas de l’être. C’est le célèbre édit de juin 1601 qui fixe la part spéciale du règne de Henri IV dans l’histoire de la propriété souterraine. Cet acte, qui confirmait naturellement les ordonnances antérieures, particulièrement en ce qui concerne les privilèges accordés de tout temps aux mineurs, régnicoles ou étrangers, est caractérisé par deux faits importans : une suppression de l’impôt régalien, à titre d’encourage-