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jamais par leurs pôles. Ils sont donc, par rapport à nos boussoles terrestres, dans le même cas que des aimans que l’on présenterait par le milieu et non point par leurs extrémités, ce qui est la position la plus désavantageuse pour produire un effet, puisqu’alors les deux pôles, étant à peu près à des distances égales, exercent des actions contraires qui se neutralisent réciproquement. La position de l’orbite de notre satellite n’est pas toujours la même par rapport à l’équateur terrestre ; tantôt elle est moins inclinée que l’écliptique sur cet équateur d’environ 5 degrés, tantôt elle est plus inclinée de la même quantité. Cette variation équivaut environ à vingt fois le diamètre de la lune. La présente année 1857 est une de celles où notre satellite s’écarte le plus de l’équateur. Aussi a-t-on remarqué que les pleines lunes de cet été étaient fort basses ; en revanche les pleines lunes de cet hiver seront fort élevées dans le ciel ; la lune, suivant l’ancien dire des astrologues (qui ont introduit ce mot dans la langue commune), est cette année hors de son orbite ordinaire ; elle est exorbitante. Grammaire à part, dans ses excursions extrêmes, elle nous découvrira ses pôles cette année un peu plus que de coutume, et devra agir davantage comme un aimant étranger sur nos délicates aiguilles. La même position se reproduira en 1876, après dix-neuf ans, ce qui est la période de révolution des nœuds de la lune qui ramène les lunaisons à peu près dans le même ordre. C’est le fameux nombre d’or, qui n’est plus en usage maintenant que dans le calendrier ecclésiastique, depuis que l’année de Jules César et du pape Grégoire XIII n’est plus réglée que sur le mouvement seul du soleil. Je crois que c’est à l’observatoire de Prague qu’ont été faites les observations les plus récentes et les plus précises sur l’action magnétique du soleil et de la lune.

Venons à la direction de l’aiguille aimantée par le globe. C’est la plus célèbre et la plus utile des propriétés de l’aimant. On peut même dire qu’elle est tout à fait magique. Lorsqu’on dit à ceux qui, avec une intelligence cultivée d’ailleurs et même avec de l’imagination, sont étrangers à la physique, qu’une petite lame d’acier tournant sur la pointe d’un pivot regarde le nord obstinément, que sous un toit, au fond d’une mine, malgré le brouillard, la pluie, le temps couvert et tous les météores qui nous cachent les astres, elle ne perd jamais de vue le point du ciel qu’elle nous indique fidèlement, on voit aux explications qui sont demandées que la croyance à cette merveille n’entre que difficilement dans les esprits. Chinois stupidement ingénieux, quelle part vous faire dans la reconnaissance du genre humain, relativement à la boussole ? Vous avez trouvé un diamant, mais vous ne l’avez pas taillé ; vous ne l’avez pas même dégrossi, vous n’en avez même pas lavé la terre qui le salis-