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cot, Cavé, Cail et dix autres la livrent pour 25,000. Pareillement à l’étranger. C’est que la construction de la machine à vapeur s’est perfectionnée beaucoup depuis un demi-siècle; c’est moins massif qu’autrefois, cela contient bien moins de métal coulé ou martelé, et pourtant c’est tout aussi solide, tout aussi sûr, sinon davantage. De même de l’instrument des échanges. Jadis il exigeait une forte quantité de métal, or ou argent. Aujourd’hui, pour une même quantité d’affaires, il y en suffit de beaucoup moins. Et pour quel motif? Parce qu’avec un bon mécanisme, comme celui qui existe en Angleterre, et dont la France et les autres états se rapprochent avec assez de célérité, la plupart des opérations commerciales s’accomplissent sans qu’on ait mis un écu en mouvement, ou du moins sans que les espèces métalliques soient en jeu autrement qu’à titre d’appoint. Les lettres de change, les traites ou mandats et les autres titres du même genre se multiplient avec les transactions du commerce, mais le numéraire métallique nécessaire aux transactions s’accroît à peine.

Voici un fait qui me paraît propre à mettre en relief ce caractère presque stationnaire du numéraire métallique dans les pays où le mécanisme commercial est bien organisé. Les billets de banque sont, on le sait, une autre espèce de numéraire, non métallique il est vrai, mais servant de substitut direct au numéraire métallique, se développant ou se restreignant suivant la même proportion à peu près, dans la circulation, selon les nécessités des opérations commerciales, et comme lui soldant définitivement les comptes. Le billet de banque se présente ainsi surtout lorsque, comme le billet de la Banque d’Angleterre, il est investi de la faculté désignée par les mots anglais de legal tender. On sait qu’en Angleterre, en vertu de cette faculté, le débiteur peut donner ce titre en paiement à son créancier, sans que celui-ci puisse le refuser, sous la réserve qu’au même moment la Banque d’Angleterre rembourse à vue en espèces métalliques ses billets au porteur. Dans ces conditions, à peu près toutes les raisons qui provoquent l’augmentation de la masse de pièces d’or en circulation sont applicables aussi au billet de banque, et on est autorisé à conclure du souverain au billet de banque et réciproquement. Or on connaît de la façon la plus exacte les variations que subit en Angleterre la quantité de billets de banque nécessaire pour les transactions : des relevés officiels constatent périodiquement le montant des billets de banque qui circulent. D’un coup d’œil sur ces relevés, on peut reconnaître que c’est une somme presque stationnaire, malgré la surprenante rapidité du développement commercial. En dix ans, de 1846 à 1856, pour l’île de la Grande-Bretagne, qui est le principal foyer des affaires du royaume-uni, la circulation en billets