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commencement de 1855, le rapport que j’ai déjà cité dépeignait la richesse des gisemens comme étant allée en s’affaiblissant d’une manière continue de 1852 à 1854; mais en même temps elle comptait sur l’amélioration des procédés pour balancer au moins dans une certaine mesure l’appauvrissement des gîtes sur lesquels on se tenait; au reste, postérieurement à ce rapport, c’est-à-dire en 1855 et 1856, les résultats de l’exploitation paraissent être devenus meilleurs.

En résumé, s’il fallait exprimer une opinion sur l’avenir des mines de l’Australie et de la Californie, je dirais que, sans croire à la permanence de la richesse du rendement, ou à celle de l’extraction moyenne qui répond à une journée de travail, il est bien difficile de se refuser à admettre que les mines de ces deux contrées doivent, pendant une série d’années longue encore, donner de l’or en telle quantité et dans de telles conditions, qu’une baisse de la valeur de ce métal soit inévitable. Ceci revient à dire que dans tous les pays où l’or est l’étalon monétaire, comme l’Angleterre, ainsi que dans ceux où, comme en France, on lui laisse exercer cette attribution à tort ou à raison (c’est un point que nous aurons à débattre plus tard), il existe une forte probabilité en faveur de renchérissement progressif des denrées et des matières premières. L’enchérissement se manifesterait dans la même proportion sur les articles manufacturés, si le perfectionnement industriel, beaucoup plus accéléré dans les manufactures que dans l’agriculture, ne devait réussir à balancer cette force partiellement ou complètement.

Dans l’exposé qui précède, j’ai à peine mentionné les mines d’or de l’empire russe, dont la production annuelle est demeurée jusqu’ici bien au-dessous de celle des mines de l’Australie et de la Californie, quoiqu’on en ait tiré jusqu’à près de 29,000 kilogrammes, ce qui ferait 100 millions de francs. Il ne faut cependant pas perdre de vue les deux faits suivans : 1° les gisemens aurifères des régions septentrionales et orientales de l’empire de Russie sont littéralement d’une étendue gigantesque, si bien que, dans l’état actuel des connaissances acquises, ce sont les plus vastes du monde entier; 2° par leur richesse, ils paraissent ne le céder en rien à ceux de l’Australie ou de la Californie.

La région occupée par la chaîne de l’Oural, qui est celle où l’exploitation de l’or resta cantonnée pendant les premières années, offrait déjà une vaste carrière aux hommes industrieux, car cette chaîne n’a pas moins de 1,900 kilomètres de longueur; mais à l’orient de l’Oural, dans la Sibérie, le champ d’exploitation se présente sur des dimensions prodigieuses. Depuis le Kamtchatka et les monts Ouskoï, dont le pied est baigné par l’Océan-Pacifique, jusqu’au méridien de Perm, à l’ouest de l’Oural, sur une distance