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Arrêtons-nous : le jour va paraître. Mon corps est las, mais mon âme est sereine, et je mets fin à cette dernière méditation sur le sol allemand en me disant avec assurance : Oui sans doute, l’Allemagne est une grande école de philosophie; il faut l’étudier et la bien connaître, mais il ne faut pas s’y arrêter. La nouvelle philosophie française, s’il m’est donné de lui servir de guide après M. Royer-Collard, ne cherchera pas plus ses inspirations en Allemagne qu’en Angleterre : elle les puisera à une source plus élevée et plus sûre, celle de la conscience et des faits qu’elle atteste, et celle aussi de notre grande tradition nationale du XVIIe siècle. Déjà par elle-même elle est forte du bon sens français; je l’armerai encore de l’expérience de l’histoire entière de la philosophie, et. Dieu aidant, nous saurons bien échapper ainsi au scepticisme de Kant, traverser le sentiment de M. Jacobi, et parvenir sans hypothèse à un dogmatisme un peu meilleur que celui de la philosophie de la nature.


VICTOR COUSIN.