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DERNIERS TEMPS
DE
L’EMPIRE D’OCCIDENT

III.
UN POETE-EVEQUE. — UNE ELECTION EPISCOPALE AU Ve SIECLE.



I

Tandis que la terrible lutte engagée entre Ricimer et Anthémius concentrait sur l’Italie l’attention du monde romain, il se passait, dans un coin de la Gaule, un événement bien imprévu et qui n’étonna guère moins les Gaulois eux-mêmes que les Italiens : Sidoine Apollinaire devenait évêque. Porté par le peuple et les magistrats arvernes à la succession du vieil Eparchius, l’ancien préfet de Rome, le patrice élégant, le poète spirituel et un peu léger qui avait chanté tant de césars, montait sur le trône austère des évêques de Clermont.

Rentré en Gaule après le procès d’Arvandus, ainsi que nous l’avous raconté, Sidoine s’était retiré en Auvergne, dans sa chère villa d’Avitacum, qu’il tenait de son beau-père, l’empereur Avitus. Là, sous les beaux ombrages qu’il s’est plu souvent à décrire, il préparait une nouvelle édition de ses poésies, qu’il retouchait, corrigeait, épurait avec soin. L’année 470 s’écoula pour lui dans cette