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Ces luttes religieuses existent dans bien d’autres pays, elles ont agité la Hollande, elles se mêlaient à toutes les discussions qui ont eu lieu récemment sur l’instruction publique. Une loi sur l’enseignement primaire a été votée il y a peu de temps, comme on sait, par la seconde chambre des états-généraux, et la première chambre, qui vient de se réunir, adoptera sans doute cette loi, d’autant plus qu’elle n’aurait pas constitutionnellement le droit de l’amender. Cela ne veut pas dire cependant que la question ait entièrement disparu de la discussion publique. À observer certains symptômes, il semblerait au contraire qu’une sorte d’agitation est près de renaître. À peine M. Groen van Prinsterer a-t-il eu donné sa démission de député, qu’on s’est hâté de publier ses discours sur la loi dont l’adoption a été le prétexte de sa retraite du parlement, et ce n’était là que le prélude de publications de toute sorte, d’appels à un nouveau pétitionnement semblable à celui qui était organisé il y a quelques années. D’Amsterdam, où ces faits ont eu lieu, le mouvement s’est étendu à d’autres villes. Rien n’est négligé pour populariser le pétitionnement et pour le développer. On va même jusqu’à faire intervenir les dames et à mettre en ligne de compte la signature des enfans. Il est douteux cependant que les tentatives faites pour réveiller l’émotion populaire aient des suites bien sérieuses. Il pourra y avoir quelques milliers de pétitionnaires ; mais ce mouvement ne prendra pas, selon toute apparence, les proportions qu’il a eues dans les dernières années. La vérité est que tous les hommes modérés, c’est-à-dire ceux qui forment la majorité du pays, répugnent à ces tentatives, qui n’ont d’autre objet que d’émouvoir les masses, et ils sont d’autant moins portés à les seconder que les pétitions actuelles sont empreintes d’une évidente exagération. C’est ainsi que l’une d’elles accuse le gouvernement de s’opposer à ce que le nom même du Christ soit prononcé dans les écoles publiques, lorsque le ministère a insisté pour faire inscrire dans la loi les mots de vertus chrétiennes, et lorsque la chambre a sanctionné cette disposition. C’est donc une agitation qui peut être réputée assez factice, et qui tombera d’elle-même devant le calme et le bon sens du pays.

CH. DE MAZADE.

V. de Mars.