Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 10.djvu/935

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
LIBERTE DU COMMERCE
EN ANGLETERRE


I. A History of Prices and of the state of the Circulation during the nine years, 1848-1856 (Histoire des Prix et de l’état de la circulation pendant les neuf années de 1848 à 1856), tomes V et VI, par MM. Thomas Tooke et William Newmarch. — II. Discours prononcé par sir Robert Peel, dans la séance du 16 février 1846, à la chambre des Communes.



C’est une vérité, assez désobligeante peut-être pour le genre humain, que l’histoire des événemens contemporains est souvent plus mal connue que celle des faits dont nous sépare une longue distance. C’est que deux puissances très-dangereuses, le préjugé et l’esprit de parti, nous mettent trop souvent un prisme devant les yeux quand nous sommes à regarder ce qui s’accomplit présentement.

Cette observation s’applique justement à l’histoire contemporaine du principe de la liberté commerciale, particulièrement en Angleterre. Ici le préjugé et l’esprit de parti se présentent investis d’une grande influence pour obscurcir la vérité. Le préjugé contre l’Angleterre est très-vivace en France ; après huit siècles d’une lutte presque continuelle, il est difficile qu’il en soit autrement. À l’exception d’une petite minorité, qui comprend, il est vrai, tout ce qu’il y a de plus éclairé dans la nation, — pour le Français l’Angleterre est encore la perfide Albion, et dans tous ses actes il y a une arrière-pensée de maléfice contre la France ; il est admis comme un axiome que si elle a aboli l’esclavage dans ses innombrables colonies,