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Mais, dit-on, n’est-ce pas un triste spectacle que celui de cette terre découpée en tout sens, hachée, morcelée, de manière à rendre presque impossible la production des céréales et l’élève du bétail, de cette terre qui va sans cesse éparpillant ses forces, et qui semble condamnée, par l’influence fatale de notre loi civile, à la culture naine, dont les effets seraient aussi délétères que ceux des latifundia de l’ancienne Italie ? On a cité à l’appui de ces doléances le chiffre des parcelles et celui des cotes foncières.

La parcelle est chaque pièce de terre qui correspond à un numéro distinct du cadastre.

La cote foncière comprend les parcelles qui appartiennent au même propriétaire dans un arrondissement de perception.

Ce simple énoncé suffit pour faire comprendre que le nombre des parcelles ne conduit pas à connaître le nombre des propriétaires, puisque chacun de ceux-ci peut posséder et possède généralement un nombre plus ou moins considérable de parcelles.

Le chiffre des cotes foncières est plus instructif, bien qu’il arrive fréquemment que le même propriétaire possède des parcelles dans divers arrondissemens de perception. Ce fait est tellement multiplié, que des personnes compétentes croient devoir estimer le nombre réel des propriétaires ruraux à la moitié de la quotité des cotes foncières.

En ce qui concerne le morcellement matériel du sol, en dehors de la question de possession, le chiffre des parcelles a toujours été présenté comme.suivant une progression ascendante. Les états dressés en 1851 ne confirment point cette assertion.

Le nombre des parcelles était de 126 millions en 1821 ; il s’élève à 127 millions en 1851 ; mais cette augmentation apparente, toute faible qu’elle soit, a besoin d’être expliquée, et elle emprunte un caractère particulier à la décomposition de ces totaux.

La somme relevée pour 1821 se divisait comme il suit :


Nombre des propriétés bâties 6,577,000
Nombre de petites parcelles formant la dépendance des maisons 16,442,000
Nombre des parcelles de propriétés non bâties 102,981,000

Les chiffres correspondans de ces trois catégories sont pour 1851 :


Propriétés bâties 7,578,000
Parcelles attenantes aux maisons 18,945,000
Autres parcelles 100,477,000

Il résulte du rapprochement de ces données que les constructions nouvelles absorbent à elles seules l’augmentation d’un million constatée dans le chiffre total des parcelles ; en outre, 2 millions de parcelles