Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 10.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps de nation elle atteignait par ses extrémités à tous les points du globe. Ce vaste réseau de relations maritimes ne profitait pas seulement d’ailleurs au commerce. Depuis l’année 1616 jusqu’en 1626, les Hollandais découvrirent tout le pays connu sous le nom de la Nouvelle-Hollande. Le Carpenter-Land, au sud de la Nouvelle-Guinée, la terre de Van-Diémen et la Nouvelle-Zélande furent également tirés de l’obscurité des mers par la main de ces infatigables navigateurs. Les noms des gouverneurs-généraux Koen, Maetsuycker, van Diemen et Imhoff se lient surtout à cette grande histoire de conquêtes et de découvertes.

La plupart des colonies et des établissemens de la Néerlande lui ont été arrachés par les Anglais durant les guerres de l’empire. La puissante compagnie des Indes-Orientales avait d’ailleurs sombré avant la chute de la république des Provinces-Unies. Après avoir réalisé des bénéfices immenses, après avoir fourni vers 1660 des dividendes annuels qui montaient jusqu’à 40 et 60 pour 100, cette colossale institution avait fini en laissant des affaires fort embrouillées, que les états-généraux furent appelés à liquider. Une partie des possessions coloniales qui avaient été ravies à la Néerlande pendant la guerre lui furent restituées après les traités de 1815. Ce qui lui reste, quoique peu considérable si on le compare à ses anciennes conquêtes, est encore important, et peut être la source d’une grande prospérité commerciale et financière. Vers 1824, la Société du commerce néerlandais fut établie pour l’exploitation des Indes-Orientales. La direction générale de la société, d’abord résidant à La Haye, se trouva par la suite transportée à Amsterdam : le capital fut fixé à 24 millions de florins. Des agens de la société se répandirent dans les différentes villes commerçantes du royaume. On institua une intendance principale à Batavia et des sous-intendances de la société dans les autres possessions d’outre-mer. Le commerce du thé fut en outre organisé à Amsterdam et à Rotterdam par des associations de négocians connus sous le nom de directeurs des magasins (pakhuismeesteren). Les directeurs des magasins remplacèrent, pour cet article de commerce, la ci-devant compagnie des Indes. La direction des colonies hollandaises et en particulier de Java constitue aujourd’hui une des branches les plus importantes et les plus délicates de l’administration publique. On calcule que les ressources fournies annuellement par les Indes néerlandaises suffisent à payer les intérêts de la dette nationale. Je ne doute point que ces ressources ne puissent encore s’accroître avec les progrès de la culture et sous un meilleur régime colonisateur. La presse a vivement attaqué dans ces dernières années tout le système du gouvernement hollandais à l’extérieur, et en particulier les lois d’exception qui régissent les habitans de Java. Je n’entrerai point dans cette discussion,