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faits par des élèves du collège aux superstitions religieuses de leurs compatriotes accusèrent ouvertement un état de choses qui devait sérieusement effrayer les parens, et le gouvernement, pour y remédier, dut proscrire dans le collège, de la manière la plus sévère, la discussion des matières religieuses.

Ces résultats avaient sans doute dépassé le but désiré ; ils démontraient toutefois victorieusement que les préjugés des natifs n’opposaient pas des obstacles insurmontables à la propagation des sciences modernes, et l’autorité anglaise ne fit que se rendre à l’évidence en entrant timidement dans la voie que l’initiative des individus avait ouverte. Des cours d’anglais, de géographie, de géométrie, d’astronomie, furent ouverts dans les établissemens publics, mais sans que l’on introduisît aucun changement radical dans le programme des études et le mode de distribution des subsides publics. Il était réservé à lord William Bentinck, guidé par les conseils du célèbre historien Macaulay, de réformer en son entier un système d’éducation suranné dont l’expérience avait fait justice. En augmentant le budget de l’éducation publique, il émonda des dépenses parasites et fort considérables, telles que les fonds alloués pour la publication de livres orientaux, les subsides aux élèves pauvres. Dans le nouveau système introduit sous le patronage du noble lord, les études furent dirigées vers l’anglais, les sciences modernes, les langages populaires, le bengali, l’indoustani, Turdu, et désormais le poétique persan, le scientifique sanscrit ne furent plus que des chapitres spéciaux du programme de l’éducation publique dans l’Inde.

On ne pouvait formuler un système d’éducation rationnel et vivace qu’après s’être rendu un compte exact de l’organisation et des ressources de cette branche intéressante des institutions natives : c’est ce que lord William Bentinck comprit d’abord, et, pour éclairer sa religion, il appela M. W. Adams, directeur du journal l’India Gazette, à faire une enquête sur l’éducation dans la communauté native. M. Adams se consacra courageusement à cette mission, et les document qu’il publia après plusieurs années de travaux pénétrèrent jusqu’au plus profond de la société indienne. M. Adams fait voir sous un jour si nouveau les mœurs de cette partie peu connue de la famille humaine, que nous ne craindrons pas de nous étendre un peu sur son remarquable travail.

Quelques mots d’abord sur la manière dont l’enquête fut dirigée. Elle porta à la fois et sur l’éducation publique et sur l’éducation privée. Les établissemens d’éducation publique furent subdivisés en plusieurs sections, suivant que l’enseignement l’était dirigé vers les langages populaires, le bengali, l’indoustani, l’urdu, ou vers les langues étrangères et scientifiques, telles- que l’arabe, le persan et le