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attribue au congrès le droit de faire des lois pour les territoires, il liait interdire l’esclavage dans tous les territoires[1], et rendre ainsi impossible dans l’avenir la formation d’aucun état à esclaves. Les free-soilers se montrèrent en toute circonstance fidèles à ce programme : chaque fois que l’administration de M. Polk faisait demander au congrès un crédit pour soutenir la guerre commencée entre le Mexique, la chambre des représentans, en votant les bills proposés, y ajoutait, sur la motion de M. Wilmot, représentant a la Pensylvanie, cette clause, que l’esclavage ne pourrait être introduit dans aucune des provinces, états ou territoires que les événemens de la guerre pourraient ajouter aux possessions de Union. Cette clause était invariablement rejetée par le sénat ; mais chacun des votes de la chambre des représentans était l’occasion une lutte orageuse entre les députés du nord et du sud, et provoquait dans tous les états à esclaves une explosion de colère. Les élections de 1848 ne firent que constater les progrès du nouveau parti. Le général Taylor, candidat des whigs, sortit victorieux de la lutte présidentielle, grâce à l’immense popularité dont ses victoires l’avaient entouré ; mais il eut moins de voix que n’en avait eu M. Clay dans l’élection précédente, et le candidat des démocrates, le général Cass, put imputer son échec aux nombreuses défections qui avaient affaibli son parti. Les free-soilers avaient eu leur candidat spécial en M. Van Buren, et celui-ci, malgré ses origines démocratiques, avait eu dans le Massachusetts plus de voix qu’aucun de ses deux compétiteurs ; dans le reste de la Nouvelle-Angleterre et dans l’état de New-York, il avait obtenu une minorité considérable et balancé les voix données au général Cass. Dans presque toutes les législatures provinciales du nord, les free-soilers eurent la majorité, et ils revinrent au congrès plus nombreux qu’à aucune les sessions précédentes. Il fallut régler le sort des provinces que la guerre avait données aux États-Unis : les free-soilers voulurent interdire l’esclavage dans la Californie et dans le Nouveau-Mexique ; le sud annonça tout haut l’intention de rompre l’union, et plusieurs les états à esclaves appelèrent leurs milices sous les armes.

C’est alors que M. Clay intervint entre les adversaires et les partisans de l’esclavage, et leur fit accepter le compromis de 1850. La Californie, qui avait une population suffisante pour prendre immédiatement rang d’état, fut admise dans l’Union avec la constitution me ses habitans s’étaient donnée, et qui interdisait la servitude. Le Nouveau-Mexique fut érigé en territoire, mais on laissa à ses

  1. Pour qu’un état puisse être admis dans l’Union, il faut que le nombre de ses habitans atteigne le minimum fixé par la constitution. Tant que la population demeure inférieure à ce minimum, les établissemens nouveaux portent le nom de territoires et sont administrés par les autorités fédérales d’après les lois votées par le congrès.