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astronomiques enfin, il conclut que cet astre est immuable au centre, et il put expliquer l’alternance du jour et de la nuit, l’éclat variable des planètes, leurs mouvemens, la précession des équinoxes, comme des résultats nécessaires de sa découverte. C’est en 1543 qu’il put la publier[1], sous la protection du cardinal Schomberg, après quarante ans employés à la vérifier et surtout à préparer par ses conversations et sa renommée ses concitoyens et ses collègues à la recevoir sans malveillance et sans persécutions. Il mourut la même année.

Jean Kepler, ne en 1571, à Will, dans le Wurtemberg, fit ses études à l’université de Tubingue, où il se distingua. Les découvertes de Copernic, niées par le célèbre astronome danois Tycho-Brahé, trouvèrent en lui dès sa jeunesse un ardent défenseur, et il publia, à l’âge de vingt ans, un petit traité sur le mouvement diurne de la terre. Nommé professeur d’astronomie à Gratz, en Styrie, il se passionna pour les mathématiques et tenta de déterminer la forme, le nombre et le mouvement des planètes. Après des recherches vaines, il fut conduit à penser que les distances des six planètes alors connues étaient réglées par les formes des cinq solides géométriques réguliers, idée ingénieuse, mais fausse. Il y renonça bientôt, et se préparait à continuer ses hypothèses lorsqu’une de ces persécutions qui ont rarement manqué aux astronomes de ce temps le força de chercher un refuge à Prague, auprès de Tycho-Brahé même, qu’il remplaça bientôt en qualité de mathématicien de l’empereur Rodolphe. Il trouva dans l’observatoire de Prague une foule de notes recueillies par son prédécesseur, et il chercha à les mettre d’accord avec le mouvement régulier et circulaire que l’on supposait aux planètes. Jusque-là en effet, il n’était venu à l’esprit de personne, de douter que les orbites des planètes fussent circulaires, le cercle étant la plus simple des courbes fermées et la nature étant supposée agir toujours par les procédés les plus simples. On trouvait d’ailleurs que la perfection de ce genre de mouvement était convenable à la nature divine des astres. Une observation faite, je crois, sur Mars montra à Kepler, dans la route supposée circulaire de cette planète, une déviation telle qu’elle ne pouvait provenir d’une erreur d’observation, et il ne tarda pas à reconnaître que toutes les planètes ne demeurent pas à des distances invariables du centre de leurs mouvemens, et que leurs vitesses autour de ce centre ne sont pas constantes. Il chercha une autre courbe qui pouvait rendre compte des faits constatés, et après quelques tentatives, il vit que l’ellipse concordait parfaitement avec ces faits. Le soleil, au lieu d’être au centre d’un cercle décrit par les planètes, était au foyer d’une

  1. Nicolai Copernici Torinensis, De Revolutionibus orbium celestium.