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objets les plus éloignés toujours plus volontiers que ceux avec les quels ils sont sans cesse en contact. L’anatomie et la physiologie sont les plus récentes des sciences. D’ailleurs, par l’élévation de son but, la grandeur de ses procédés, la certitude, la magnificence et l’utilité de ses résultats, il était naturel que l’astronomie attirât tout d’abord les yeux des hommes ; mais quelque intérêt que nous en offre l’étude dans l’antiquité, quelque singulier qu’il soit que les anciens eussent mêlé si peu de superstition et de fables aux phénomènes les plus merveilleux, il ne faut pas admirer outre mesure les astronomes de l’antiquité, ni exagérer leur habileté à déterminer le cours des astres, à prédire les éclipses et à compter les étoiles, dont Hipparque fit le premier catalogue connu dans son observatoire de Rhodes. Tout cela n’est remarquable qu’en raison de l’ignorance qui succéda à cette science imparfaite. En effet, après la chute de l’empire romain, la superstition étendit partout un voile épais. La liberté des recherches fut proscrite, et l’on s’efforça de déraciner la mémoire de l’ancienne philosophie en détruisant ses annales. L’autorité avait usurpé la place de la raison, et le ciel se voila de nouveau. Enfin après quelques tentatives des Sarrasins, notamment aussi après celle du roi de Castille Alphonse X, le jour commença de se faire, et le XVIe siècle fut le siècle de l’astronomie.

Trois hommes sont les représentans de la science à cette époque : Copernic, Kepler et Galilée. Quelques mots sur chacun d’eux montreront l’état de la science lorsque Newton entreprit ses premiers travaux. Copernic, né en Prusse, à Thorn (1472), d’abord médecin comme son père, puis professeur de mathématiques, fut nommé chanoine de la cathédrale d’Ermeland, à Frauenbourg. Là, dans la demeure canoniale, il conçut des doutes, d’abord, je crois, plus théoriques que pratiques, sur le système de Ptolémée. Celui-ci, comme tous les anciens, un peu par une idée naturelle, par une conception incomplète de la grandeur des astres, beaucoup aussi par orgueil humain, avait mis la terre au centre du monde. Les différens aspects de quelques planètes, leur éclat variable, donnèrent à Copernic de premiers doutes. Ainsi Mars a tantôt un éclat incomparable, et tantôt brille comme une étoile secondaire. Si son mouvement était circulaire autour de la terre, sa distance étant invariable à nos yeux, son éclat ne varierait pas. Copernic en conclut qu’une théorie si peu d’accord avec un fait si permanent et si clair ne devait pas être vraie ; aidé d’observations nombreuses et de quelques aperçus heureux semés çà et là dans les ouvrages des anciens, il osa dire que la terre n’est pas le centre du monde, le pivot des mouvemens célestes, et il la rangea parmi les planètes. En même temps, de l’importance du soleil, de sa grosseur, des rayons qu’il lance de tous côtés et de la nécessité pour tous les corps célestes d’être éclairés, d’observations