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Elles ont dans ma coupe pleine
Versé du poison chaque jour ;
C’était tantôt poison de haine.
C’était tantôt poison d’amour.

Mais celle qui m’a fait la peine
La plus déchirante, à son tour,
N’a jamais eu pour moi de haine.
N’a jamais eu pour moi d’amour.


IV.


LE MESSAGE.


Allons, mon écuyer, en selle !
Plus rapide que l’ouragan,
Cours au château du roi Duncan
Pour me quérir une nouvelle !

Parmi les chevaux glisse-toi.
Et dis au valet d’écurie :
« Quelle est celle qui se marie.
Des deux filles de votre roi ? »

Et s’il te répond : « C’est la brune, »
Viens vite, et me le fais savoir ;
Si : « La blonde, » reviens ce soir.
Au pas, en regardant la lune.

Entre en passant chez le cordier.
Prends une corde et me l’apporte ;
Ouvre bien doucement la porte,
Et ne dis rien, mon écuyer !


V.


LE SOUHAIT.


Jeune fille aux lèvres roses.
Au regard limpide et doux,
Toujours, plus qu’à toutes choses,
Mon enfant, je pense à vous.

En ces longs soirs de décembre.
Je voudrais me reposer
Dans votre petite chambre.
Auprès de vous, et causer.

Saintement je voudrais prendre
Votre main chère aux douleurs,
La baiser et vous la rendre
Tout humide de mes pleurs.