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LA


MARINE DE L’AUTRICHE





CALAMOTA. — TRIESTE. — POLA.







Vincuntur facta vetusta novis.

(FORTUNATUS)


I.

L’Adriatique était, à la fin du XVe siècle, le principal foyer du commerce et de la navigation de l’Europe. Venise y régnait : son port était l’entrepôt des marchandises précieuses du Levant et de l’Inde, le rendez-vous et le bazar universel ; rien de riche, d’élégant, d’exquis ne se produisait qui ne dût aller à Venise, et rien n’était prisé que ce qui en venait. Les découvertes de l’Amérique et du cap de Bonne-Espérance portèrent un coup mortel à cette suprématie. Le centre de gravité du monde commerçant fut déplacé ; les marines de l’Occident se précipitèrent avec une indomptable énergie vers des régions mystérieuses où leur audace entrevoyait des gloires et des fortunes sans mesure ; l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, la France, la Hollande creusèrent des ports, lancèrent des flottes, fondèrent des colonies au-delà des mers. L’établissement maritime de Venise ne pouvait garder longtemps la première place à côté de rivaux qui grandissaient si vite. Il rétrograda tandis qu’ils avançaient ; la république tomba de chute en chute sous les pieds des armées qui se disputaient l’Italie, et la navigation de l’Adriatique s’éteignit pres-