Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 6.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se décide pour la division du nord-ouest ou pour celle du sud, ses études sont dirigées sur le persan et l’hindostani, ou sur le bengali et l’urdu. La durée des études au collège de Fort-William est de dix-huit mois ; au bout de ce temps, le writer doit encore avoir passé quatre examens. Les deux premiers consistent en traductions écrites d’un auteur natif en anglais ou réciproquement. Le troisième, le plus difficile, comprend une série de sentences où se trouvent renfermées des difficultés particulières d’idiome et de grammaire. Dans le quatrième examen enfin, le writer doit faire une traduction orale d’auteurs natifs désignés à l’avance.

Les élèves de Fort-William ne sont pas casernes et vivent chez leurs parens ou dans les clubs. À proprement parler, le collège de Fort-William n’existe que de nom, et les élèves ne s’y rendent que pour passer des examens mensuels. C’est hors du collège qu’ils achèvent leurs études, sous la direction d’un professeur natif, ou mounshee, qui, moyennant un salaire de 25 roupies par mois, se charge d’exprimer sur les lèvres des writers le jus divin des langues orientales. La compagnie leur alloue 300 roupies par mois à partir du jour de leur arrivée dans l’Inde. Autrefois, il y a de cela même à peine quelques années, le genre de vie des élèves du collège de Fort-William était fort extravagant ; les traditions de vie joyeuse du bon vieux temps avaient survécu au bon vieux temps lui-même. Bon nombre de writers quittaient les bancs chargés de dettes pesantes dont ils portaient le fardeau toute leur vie, si bien qu’il était d’usage que chacun d’eux subît, à sa sortie du collège, un examen auxiliaire, sorte d’examen de conscience, en donnant sur sa parole d’honneur l’état de ses dettes. Cet usage a été, nous le croyons, conservé, quoique le genre de vie des jeunes gens soit beaucoup plus modeste qu’au temps passé, et que leurs dépenses, si elles dépassent les limites de leur traitement, ne fassent pas des vides qu’un secours opportun de la famille ou quelques années d’économie ne puissent facilement remplir.

On vient de suivre le writer jusqu’aux premiers pas de sa carrière officielle. Pour apprécier maintenant les devoirs qu’il aura à remplir comme magistrat, collecteur ou juge, il est nécessaire de dire quelques mots de l’état de l’Inde avant la conquête anglaise, et des conditions dans lesquelles cette conquête fut faite. Avant l’invasion mahométane, l’Inde ne jouissait pas, sous une monarchie universelle, d’un âge d’or gouvernemental. Divisée en petits royaumes, subdivisés eux-mêmes en principautés, son histoire ne présente qu’une longue suite de guerres intestines auxquelles la conquête mahométane vint mettre un terme sans assurer au pays des jours plus heureux. Fondé par la violence, l’empire mahométan exerça dans l’Inde un despotisme d’autant plus terrible que les conquérans étaient do-