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LES


ANGLAIS ET L’INDE





I.


LES FONCTIONNAIRES CIVILS DE L’HONORABLE COMPAGNIE DES INDES.





Quelles que soient les destinées que l’avenir réserve à l’empire anglais de l’Inde, qu’une invasion étrangère, une révolution intérieure, ou plus probablement les désastres d’une guerre européenne viennent arracher, dans les temps futurs, le territoire hindou au sceptre de l’Angleterre, la conquête de la vaste région qui s’étend du cap Comorin aux chaînes de l’Himalaya restera la grande page de l’histoire moderne de la Grande-Bretagne. La série de travaux politiques et militaires auxquels se rattachent les noms de lord Clive, de Warren Hastings, du marquis de Wellesley et du marquis de Dalhousie comptera sans contredit parmi les faits les plus considérables de notre temps et parmi les plus grandes choses qu’une nation ait jamais accomplies. Ce n’est pas tout cependant que de fonder un empire : il s’agit d’en assurer la durée, et ici se présente une suite de faits plus modestes, qu’en dehors de l’Angleterre[1] on a peut-être trop négligés : nous voulons parler du régime même qui est sorti de cette période agitée et brillante, principal objet jusqu’à ce jour de nos études et de notre admiration. Comment s’est créée la puissance anglaise dans l’Inde, c’est ce qu’on sait assez générale-

  1. Parmi les ouvrages les plus utiles à consulter sur les faits dont nous parlons et que nous avons nous-même souvent mis à contribution, il faut citer les souvenirs du colonel Sleeman, les livres de MM. Kaye et Campbell, enfin le Calcutta Review, recueil périodique trop peu connu en Europe, où les intérêts de l’Inde sont discutés avec une rare supériorité de connaissances spéciales et de talent.