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LE JOURNAL
D’UN MISSIONNAIRE
AU TEXAS

LA MISSION DE BROWNSVILLE ET LES FRONTIÈRES MEXICAINES.

Après un premier séjour en Amérique[1], j’étais revenu en France ; mais les pays lointains où j’avais couru tant d’aventures et supporté tant de fatigues avaient gardé leur attrait sur mon âme. Je ne pouvais songer à ces pauvres colons du Texas, avec lesquels J’avais vécu deux ans, que j’avais guidés par mes exhortations, éclairés et soutenus par les secours de la religion, et à qui j’avais la conscience d’avoir été utile dans la mesure de mes forces, je ne pouvais, dis-je, songer à eux sans éprouver quelque envie d’aller les rejoindre pour achever une tâche que je regardais comme sacrée. Je me décidai à repartir et quittai la France le 7 mars 1851. Je ne devais pas retourner à Castroville ; l’évêque de Galveston me donna une nouvelle mission sur les frontières occidentales du Texas, tracées par le cours du Rio-del-Norte, appelé plus communément Rio-Grande, qui descend des Montagnes-Rocheuses pour se jeter dans le golfe du Mexique. Malgré mon ignorance de la langue espagnole, que parlent la plupart des catholiques de ces contrées, je dus céder aux pieuses exigences du vénérable évêque, et le 11 mai je m’embar-

  1. Voyez ce premier récit dans la Revue des Deux Mondes du 15 juin.