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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 octobre 1856.

Il y a dans l’ensemble des affaires de l’Europe un certain nombre de questions qui depuis la paix de Paris se déroulent parallèlement et créent un état indéfinissable de trouble et d’inquiétude. Ces questions n’ont point l’importance souveraine de celle qui n’a pu être tranchée que par la guerre il y a deux ans ; elles se rattachent aux dernières complications européennes, et elles pèsent depuis quelques mois sur la conscience publique, moins peut-être par leur gravité propre que par les divergences dont elles sont l’occasion, par tout ce travail de récriminations et de sourdes dissidences qu’elles mettent à nu. Elles obsèdent, comme toutes les querelles qui ne sont que secondaires d’abord, et qui peuvent devenir très sérieuses quand on les laisse se prolonger et s’envenimer. Involontairement on se dit que la paix a été signée à Paris, il est vrai, mais qu’elle ne sera ni complète ni durable tant que ces germes de conflits subsisteront, tant que la politique restera livrée à ces contradictions, à ces incohérences, qui font en ce moment des affaires de l’Europe l’écheveau le plus embrouillé que la dextérité des hommes d’état ait eu jamais à démêler. Partout et à tous les points de vue, la politique semble traverser aujourd’hui une phase critique. À Naples, les négociations suivies depuis quelque temps par la France et par l’Angleterre viennent de finir, sinon par une rupture complète, du moins par une suspension de rapports diplomatiques. À Constantinople, l’exécution du traité du 30 mars se complique de toute sorte d’incidens obscurs et d’antagonismes pénibles : obstination de la Russie à épiloguer sur les conditions de la paix, résistance de l’Autriche, qui ne veut point quitter les principautés tant que la Russie n’aura point rempli ses obligations, résistance de l’Angleterre, qui semble peu disposée aussi à rappeler ses vaisseaux de la Mer-Noire, démission momentanée du ministère ottoman, qui, appuyé par la France, réclame la retraite de toutes les forces étrangères des possessions turques. Si on revient vers l’Occident et vers un autre ordre d’affaires, ou trouve la Prusse préoc-