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LOUIS XIV


ET SES HISTORIENS




Le XVIIe siècle est devenu de nos jours une source inépuisable d’études et d’observations, et c’est vers une société presque en tout point opposée à la nôtre que se portent avec persévérance nos prédilections et nos recherches. Rien d’étonnant, à tout prendre, dans ce contraste entre les réalités au sein desquelles nous vivons et les dispositions qui nous conduisent à nous en dégager par la pensée pour pénétrer dans des régions différentes. Enfans d’une inquiète démocratie, incertains de leurs destinées et vacillans dans leurs croyances, les hommes du XIXe siècle se reposent avec une sorte de bonheur dans la contemplation d’une époque qui, possédant les biens qui leur manquent, acceptait la règle d’une puissante hiérarchie dans les rangs et d’une forte discipline dans les idées et dans les lettres. Si les excès de la liberté politique ont conduit aux résultats que chacun connaît, les excès de la liberté littéraire n’ont pas moins contribué à déterminer un retour vers des hommes qui, sans repousser aucune entrave, produisaient tant en faisant si peu de bruit.

Ce retour s’est révélé par de nombreux travaux sur l’état de la société française au XVIIe siècle et plus encore par l’empressement avec lequel a été accueillie la publication de tous les documens inédits relatifs au gouvernement du roi Louis XIV. La voie ouverte avec tant d’éclat par la publication des Négociations relatives à la succession d’Espagne a été heureusement poursuivie par M. Depping pour la collection des correspondances relatives aux affaires inté-