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LA
PEINTURE DE PORTRAIT
EN FRANCE

FRANÇOIS GÉRARD
Œuvre du baron Gérard, Paris 1852-1856.


Il est une assertion qu’on rencontre assez fréquemment dans les écrits sur les beaux-arts. — Les œuvres de la peinture française, envisagées en général, trahissent, dit-on, une méthode versatile, une réaction perpétuelle du présent contre le passé. Les talens ne se succèdent en France qu’à la condition de s’isoler les uns des autres. Au lieu de reproduire les traits communs à toute une race, ils se distinguent chacun par une physionomie absolument personnelle ; au lieu de filiation directe et de progrès réguliers, ils n’accusent qu’un développement fortuit et comme des origines de hasard. — À ne considérer que les surfaces de l’art national, il y a du vrai dans ce jugement. Les allures du style, les formes de l’expression, tout ce qu’on pourrait appeler la syntaxe pittoresque a bien souvent changé dans notre pays. L’époque actuelle en particulier semble avoir sur ce point le goût des révisions radicales, et ce n’est pas l’école du XIXe siècle, avec ses brusques reviremens, ses mœurs anarchiques et ses caprices, qu’il conviendrait d’appeler en témoignage de l’homogénéité de l’art français. Cependant, si l’on cherche à démêler sous les di-