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précieuse. Comment vous portez-vous? comment va la jalousie? Vous êtes-vous encore querellée avec Ansha?

AIXA.

Moi, seigneur, me quereller avec Ansha? Je ne lui fais pas cet honneur.

ERJEB-PACHA.

Eh ! voilà du dédain, si je ne me trompe.

AIXA.

Si je la dédaignais, si je la méprisais, ce ne serait pas sans de bonnes raisons.

ERJEB-PACHA.

De bonnes raisons, et lesquelles, s’il vous plaît?

AIXA.

Seigneur, Zulma sort d’ici; puis-je croire qu’elle ne vous ait rien dit?

ERJEB-PACHA.

Rien dit, et de quoi?

AIXA

Mais de la trahison d’Ansha.

ERJEB-PACHA.

Ah! oui, elle m’en a dit en effet quelque chose, mais d’une façon si vague et si obscure, que je n’y ai pas fait grande attention.

AIXA.

En ce cas, Zulma a perdu l’esprit, ou votre excellence chérit son erreur et ne veut pas être désabusée.

ERJEB-PACHA.

Quelle idée, Aïxa ! Je veux au contraire connaître la vérité; mais dites-moi à votre tour ce que vous savez d’Ansha.

AIXA.

Zulma ne vous a-t-elle pas dit que nous avions assisté à un tendre entretien d’Ansha et de son amant, que cet amant n’est autre qu’Adilé?

ERJEB-PACHA.

Elle m’en a bien dit quelque chose, mais je ne puis croire à cette double perfidie. Une assertion n’est pas une preuve.

AIXA, à part.

Ah! nous y voilà! J’ai été plus fine que toi, Zulma. (Haut.) Vous voulez des preuves, seigneur? Je puis vous en donner une.

ERJEB-PACHA.

En vérité?

AIXA.

Oui, seigneur; prévoyant votre répugnance à vous détacher d’Ansha et à nous accorder votre confiance, j’ai voulu me munir de preuves irrécusables. Dans ce dessein, je me suis glissée dans la chambre d’Ansha, lorsque je la savais ailleurs; j’ai fureté dans ses tiroirs, et voici ce que j’ai trouvé. (Elle tire de sa ceinture un petit étui.) Regardez Ce portrait, seigneur. Ne reconnaissez-vous pas votre Adilé sous ce costume d’Arnaute? Et voyez de ce côté le chiffre de Spiridion (c’est le vrai nom du traître) et celui d’Ansha brodés en cheveux.