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ERJEB-PACHA.

Assurément, chers et respectables amis. Allez réfléchir au sort brillant qui vous attend. Je ne négligerai rien pour hâter l’accomplissement de vos vœux, qui sont les miens.

OSMAN-AGA s’incline, porte la main à son cœur, sur sa bouche et sur son front, puis il dit à part et en sortant :

Allons écrire notre rapport à son excellence le ministre de la police.

ALI-BEY, après avoir salué, à part.

Hàtons-nous d’informer son altesse le grand-vizir de ce qui se trame ici.

HAMID-BEY, à part.

Ne tardons pas à faire connaître au secrétaire de sa majesté la sultane validé[1] les machinations de ce vieux traître.

AHMET-EFFENDI, également à part.

Le courrier d’aujourd’hui portera à son excellence le ministre de l’intérieur un récit exact de cette conférence. (Tous sortent.)


II. — LE HAREM.

(Encore une salle bordée de divans et tapissée de coussins. — Des esclaves et des enfans sont groupés au fond de la pièce.)

FATMA, ANSHA, LINDARAXA, ZULMA, AIXA. (Elles sont assises, fument, brodent ou boivent du café.)


ANSHA.

Mon fils Halil est-il rentré?

LINDARAXA.

Non, ma sœur. Son père le retient près de lui.

ANSHA.

Voilà un grand changement qui se fait dans sa vie! Un gouvernement et une femme... Lui qui a vécu jusqu’à ce jour comme un enfant!

FATMA.

Pauvre Halil! Que fera-t-il du pouvoir et de la liberté, quand sa santé délicate réclamerait encore nos soins?

ANSHA.

Que parlez-vous de santé délicate! Mon fils a beau vous paraître faible et malade, il n’en va pas moins atteindre sa dix-septième année, et tous les enfans d’Erjeb-Pacha n’ont pas eu la vie aussi longue.

FATMA.

Ne craignez pas que je l’oublie, Ansha, lors même que vous n’auriez pas la cruauté de me le rappeler, comme vous le faites. Ce que je souffre chaque jour me dit trop que j’ai perdu mes enfans.

ANSHA.

Bah ! vous vous trouvez fort à plaindre de ce que le pacha n’a pas cru

  1. Sultane-mère.