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sur les circonstances au milieu desquelles l’affection spéciale de la vigne se développe avec une intensité particulière. Née et propagée d’abord dans les cultures forcées des serres chaudes, où la chaleur et l’humidité dominent, nous la voyons se répandre de proche en proche, sévissant surtout dans les lieux humides et chauds voisins des bords de la mcv, exerçant les plus cruels ravages dans nos départemens méridionaux et tout autour du bassin de la Méditerranée, épargnant nos grands crus de la Bourgogne et de la Champagne, se montrant peu tenace dans le centre et le nord de la France, anéantie chaque année dans les serres de primeurs comme sur les treilles renommées de Fontainebleau et de Thomery, grâce aux soins ingénieux et persévérans de nos horticulteurs. Et, chose bien remarquable, ce fut précisément des serres à culture forcée, d’où le mal était sorti, que vinrent également les moyens de le combattre. Au début de la maladie, des agriculteurs habiles et consciencieux avaient cru devoir cependant proposer comme une mesure de haute utilité publique la suppression des serres à raisins de primeur, espérant ainsi détruire dans son berceau la cryptogame parasite ! Personne ne songe plus aujourd’hui à l’emploi de ce remède héroïque, car chacun sait que les serres chaudes sont tous les ans préservées ou débarrassées des atteintes de l’oïdium par l’application intelligente de moyens variés, dont il nous reste à parler après avoir bien établi le caractère de la maladie qu’il s’agit de combattre.


II.

Des opinions très divergentes se sont manifestées sur les causes et la nature du mal de la vigne et sur les moyens d’y remédier[1].

  1. On pourrait faire une assez longue liste des publications qu’a provoquées la maladie de la vigne de 1846 Ce serait là un curieux document bibliographique. Avant cette époque, les écrivains qui se sont occupés des maladies du raisin forment déjà un groupe assez nombreux, parmi lesquels, outre Pline déjà cité, nous remarquons divers savans italiens, Bernardo Ramazzini, auteur des Constitutiones ep. demicœ mutinenses, ouvrage plein de détails intéressans sur diverses affections des plantes cultivées, Targioni, Fozzetti, Francesco Gera, etc. A partir des observations faites à Margrate, les ouvrages sur la vigne se sont multipliés au point de former une véritables bibliothèque. Parmi les auteurs qui ont le plus utilement contribué à la grossir, nous citerons MM. Bouchardat, Gueriu-Méneville, Mortemart, Ridolfi, Marès, etc.