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d’avoir la volonté de le reprendre. Cependant on ne le pouvait qu’en modifiant les conventions passées avec les receveurs-généraux, afin d’abréger de plusieurs mois le temps qui leur était accordé pour la délivrance de l’impôt au trésor, de telle façon que pour celui-ci les rentrées s’échelonnassent sur toute l’année également, sans en excéder bien sensiblement le terme. Il était à craindre que par ce procédé les receveurs-généraux ne se crussent autorisés et même obligés à tourmenter les contribuables. On pouvait dire aussi que l’intervalle pendant lequel les receveurs-généraux avaient les fonds sans les remettre au trésor constituait leur rémunération propre, car, en dehors de cette jouissance, leur traitement était fort médiocre.

En conséquence on laissa subsister les délais précédemment stipulés, mais on fit en sorte que les receveurs-généraux eussent un avantage à accélérer leurs versemens. À cet effet, on convint de leur bonifier un intérêt de 5 pour 100 sur toute somme qu’ils remettraient avant l’échéance fixée ; en même temps on leur notifia que, ces fonds étant la propriété de l’état, ils n’avaient point le droit de les divertir de leur destination et d’en faire un usage quelconque à leur profit, après les avoir perçus. On leur imposa l’obligation d’informer exactement le trésor de toutes les recettes qu’ils effectuaient, et on se réservait de leur prescrire une méthode de comptabilité qui les empêchât d’en rien dissimuler. Par ces arrangemens, on allait obtenir une avance considérable. Il suffisait d’un rouage placé sous la main du ministre du trésor, dans ses bureaux, et qu’on appela la caisse de service. Cette caisse était en correspondance active avec chacun des receveurs-généraux ; par la surveillance qu’elle exerçait sur eux, elle procura sans peine une autre amélioration qui équivalait à l’accroissement des fonds disponibles : elle permit de simplifier les formes suivant lesquelles les fonds étaient mis à la disposition des ordonnateurs ou des payeurs, elle réduisit le temps qui était nécessaire pour les leur faire parvenir. Sachant avec une parfaite exactitude à chaque instant ce que chacun des receveurs-généraux avait en caisse, on appliquait ces ressources d’abord aux dépenses locales et à celles des départemens voisins, tandis qu’autrefois cette manœuvre se faisait à tâtons, et on expédiait des fonds dans des localités qui en étaient surabondamment pourvues, en les prenant à d’autres où ils étaient réclamés par les besoins du service. Par là encore on épargnait les frais de transports incessans d’espèces d’une place à une autre. Une fois édifié sur les qualités propres à cet engin financier, l’empereur voulut qu’il fût mis en activité d’une manière générale dans le plus bref délai. M. Mollien lui demandait trois jours pour rédiger le décret ; il ne lui en accorda qu’un, et lorsque le ministre le lui apporta, il voulut, contre sa coutume, le